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vendredi 28 août 2009
mercredi 26 août 2009
Le Non-Art qui propulse l'Art
Autrefois, le Non-Art était marginalisé par le mécénat parce que cette forme d'expression difficile à conceptualiser dérangeait les moeurs aristocratiques de l'époque. Il représentait dans sa marginalité iconique une incongruité pesante par rapport à l'art conventionnel déjà fortifié par les acquis de la Renaissance. L'aristocratie y voyait une conspiration contre l'ordre esthétique établi. Cet art "sans école" visait les tabous et comme le temps avait joué en sa faveur, on assista à une spectaculaire métamorphose où le "discrédité" prenait sa revanche sur le "crédité". Les oeuvres autrefois refusées et bannies redeviennent si prisées comme si, dé-diabolisées par on ne sait quel exorciste, elles retrouvaient une vertueuse vertu et une sereine sérénité.
Dans ce court flash-back on évoquerait les deux principaux protagonistes, représentants authentiques et radicaux de cette mouvance qui faisait de la provocation une arme de séduction: Jean Isidore Grandville et Marcel Duchamp. Le premier artiste, dessinateur confirmé, naquit au début du 19ème siècle (1803) et mourut à l'asile des aliénés de Vanves en 1847. Il a imaginé un dessin dont l'étrangeté a étonné Charles Baudelaire, poète converti à la critique d'art par affinité. Dans ce dessin on trouve une étrange créature assise sur un tabouret muni d'un seul pied pointu et ciselant à l'aide du burin et d'un marteau une sculpture représentant un pouce surdimensionné. Après quelques décennies un sculpteur de renommée internationale nommé César revient au "pouce Grandvillien". Il façonna un pouce monumental comme pour satisfaire le rêve inachevé de son confrère aîné et du coup , Grandville se retrouve réhabilité comme avait fait Sigmund Freud pour le marquis de Sade. Grandville le dessinateur incompris, Grandville le Lautréamont des arts graphiques n'est plus ce farfelu qui dessine des banalités. Il a des dons de visionnaire. Après sa mort beaucoup d'artistes notamment de l'école surréaliste sont allés dans son sillage.
Quand à Marcel Duchamp, il vécut sa singularité sans concession et avec autant de conviction que de certitude. Lui aussi passait pour un frivole du bricolage artistique. Mais l'histoire a démenti toutes les supputations faites à son égard. Il avait l'opiniâtreté d'un Galilée au cœur du purgatoire d'ici-bas. Il n'était pas du genre fragilisé pour le déstabiliser. Un de ses ready-made les plus étonnants et les plus célèbres fut l'urinoir renversé qu'il avait baptisé "Fontaine". On cria au scandale quand cette pièce fut montrée pour la première fois au public. Elle excita l'ire des adeptes de l'art aseptisé. Par dégoût et répulsion, quelqu'un nommé Pinoncely urina dessus avant de la briser à coup de marteau. On la ressouda, mais c'est à partir de cet incident que ce sanitaire reconverti en oeuvre d'art avait acquis une autre dimension. On l'avait introduit au musée de l'art moderne non pas pour remplacer un autre à la salle d'hygiène mais en tant que rareté. Cet artiste qui aimait répéter à qui veut l'entendre "prier de toucher" était aussi doué que Grandville. Son apport n'est pas négligeable. Grâce à lui, les objets familiers peuvent devenir oeuvres d'art, il suffit d'en trouver le génial déclic. Ainsi la célèbre "Tête de taureau", un ready-made de Picasso, constitué par l'assemblage d'une selle de bicyclette et d'un guidon aurait un lien de parenté avec la fameuse bicyclette de Marcel Duchamp. Ce dernier était aussi un bon peintre. Son tableau intitulé "Nu descendant l'escalier" avait donné une autre version stroboscopique de l'art cinétique. Est-ce un hasard si avec le surréalisme en pleine hégémonie culturelle on avait adopté ce créateur inclassable?
André Breton qui est le véritable dynamo de ce mouvement culturel avait dit de Marcel Duchamp: "l'homme le plus intelligent de sa génération et pour beaucoup le plus gênant.
Ainsi va l'art de doute en doute et de démystification en démystification.
RAZAK
Dans ce court flash-back on évoquerait les deux principaux protagonistes, représentants authentiques et radicaux de cette mouvance qui faisait de la provocation une arme de séduction: Jean Isidore Grandville et Marcel Duchamp. Le premier artiste, dessinateur confirmé, naquit au début du 19ème siècle (1803) et mourut à l'asile des aliénés de Vanves en 1847. Il a imaginé un dessin dont l'étrangeté a étonné Charles Baudelaire, poète converti à la critique d'art par affinité. Dans ce dessin on trouve une étrange créature assise sur un tabouret muni d'un seul pied pointu et ciselant à l'aide du burin et d'un marteau une sculpture représentant un pouce surdimensionné. Après quelques décennies un sculpteur de renommée internationale nommé César revient au "pouce Grandvillien". Il façonna un pouce monumental comme pour satisfaire le rêve inachevé de son confrère aîné et du coup , Grandville se retrouve réhabilité comme avait fait Sigmund Freud pour le marquis de Sade. Grandville le dessinateur incompris, Grandville le Lautréamont des arts graphiques n'est plus ce farfelu qui dessine des banalités. Il a des dons de visionnaire. Après sa mort beaucoup d'artistes notamment de l'école surréaliste sont allés dans son sillage.
Quand à Marcel Duchamp, il vécut sa singularité sans concession et avec autant de conviction que de certitude. Lui aussi passait pour un frivole du bricolage artistique. Mais l'histoire a démenti toutes les supputations faites à son égard. Il avait l'opiniâtreté d'un Galilée au cœur du purgatoire d'ici-bas. Il n'était pas du genre fragilisé pour le déstabiliser. Un de ses ready-made les plus étonnants et les plus célèbres fut l'urinoir renversé qu'il avait baptisé "Fontaine". On cria au scandale quand cette pièce fut montrée pour la première fois au public. Elle excita l'ire des adeptes de l'art aseptisé. Par dégoût et répulsion, quelqu'un nommé Pinoncely urina dessus avant de la briser à coup de marteau. On la ressouda, mais c'est à partir de cet incident que ce sanitaire reconverti en oeuvre d'art avait acquis une autre dimension. On l'avait introduit au musée de l'art moderne non pas pour remplacer un autre à la salle d'hygiène mais en tant que rareté. Cet artiste qui aimait répéter à qui veut l'entendre "prier de toucher" était aussi doué que Grandville. Son apport n'est pas négligeable. Grâce à lui, les objets familiers peuvent devenir oeuvres d'art, il suffit d'en trouver le génial déclic. Ainsi la célèbre "Tête de taureau", un ready-made de Picasso, constitué par l'assemblage d'une selle de bicyclette et d'un guidon aurait un lien de parenté avec la fameuse bicyclette de Marcel Duchamp. Ce dernier était aussi un bon peintre. Son tableau intitulé "Nu descendant l'escalier" avait donné une autre version stroboscopique de l'art cinétique. Est-ce un hasard si avec le surréalisme en pleine hégémonie culturelle on avait adopté ce créateur inclassable?
André Breton qui est le véritable dynamo de ce mouvement culturel avait dit de Marcel Duchamp: "l'homme le plus intelligent de sa génération et pour beaucoup le plus gênant.
Ainsi va l'art de doute en doute et de démystification en démystification.
RAZAK
dimanche 23 août 2009
Tribunal du goût
On en a ras le bol, les criticaillons de pacotille et les journaleux du remplissage de la panse , plumes buveuses d'encre, gargarisées dans un mimétisme castrateur dopé de relents affairistes, nous sortent chaque fois un vaurien de teinture ou une gribouilleuse copiant maladroitement d'après nature. Contre toute attente, on en fait une sommité de l'art. Les mass medias, au lieu de rectifier le tir salutairement, accentuent ce désordre. La vérité, c'est que pour ces pseudos peintres en mal de renommée, les mots teinturier et teinturière ne leur conviendraient pas, car contrairement à ce qu'on pourrait penser , le teinturier a un savoir faire respectable d'où il tire sa richesse.
Les écrit-tics abondent mais la critique sincère et objective semble proscrite jusqu'à nouvel éveil de conscience.
Aussi, on en a ras le goût de cette peinture "d'absorbage" et d'absorbement qui ne sert qu'à amadouer l'ego hirsute des tenants et aboutissants du pouvoir esthétique. Le tribunal du goût ainsi constitué au fil des sentences a-artistiques a trouvé en ces limiers de l'écriture commanditée des transmetteurs les plus sûrs. Les arts "plat-steak" les font saliver. Pourtant, il existe une multitude d'approches (structuraliste, sociologique, historique, psychanalytique…) pour aborder les œuvres d'art, mais chez ces cancres avérés de la critique, il n'y en a qu'une qui soit mise en exergue: celle qui leur permettrait de gonfler, dans l'impunité et la perversité, leur portefeuille de billets de banque. La situation n'est pas reluisante. On n'est plus à l'époque de la critique de la ressemblance mais dans celle consistant à mesurer les écarts par rapport à celle-ci. Autrefois on voyait en Giotto un artiste perfectionniste et parfait, aujourd'hui la nouvelle critique n'y verrait qu'un techno-artiste (ne pas confondre avec artiste-techno) c'est à dire quelqu'un qui maîtrise bien les techniques du dessin et de la peinture sans aller fouiller comme disait bellement Rilke dans ces "régions fermées à l'entendement". Transcender le réel est plus avantageux que de l'imiter sournoisement. Les surréalistes avaient fondé leur concept sur cette base et ils avaient réussi. Jadis, Diderot avait écrit au sujet de la critique : "Rendre la vertu aimable, le vice odieux, le ridicule saillant, voila le projet de tout honnête homme qui prend la plume, le pinceau , le ciseau."
Aujourd'hui, cette assertion aurait besoin d'un coup de ciseau pour en éliminer les idées archaïques et les plus désuètes. Car l'art, au stade où il est maintenant, n'est pas dans l'accentuation des traits mais dans la transcendance de ce qu'on aime transposer. La critique éveillée et impartiale devrait chercher les soubassements pour de nouvelles approches picturales. Elle devrait distinguer entre l'art comme expression du sentiment et l'art comme "cogitateur" esthétique avec ancrage socioculturel.
On aimerait finir cette réflexion un peu prosaïquement en re-citant Rilke "Les oeuvres d'art sont d'une infinie solitude. Rien n'est pire que la critique pour les aborder. "
RAZAK
Les écrit-tics abondent mais la critique sincère et objective semble proscrite jusqu'à nouvel éveil de conscience.
Aussi, on en a ras le goût de cette peinture "d'absorbage" et d'absorbement qui ne sert qu'à amadouer l'ego hirsute des tenants et aboutissants du pouvoir esthétique. Le tribunal du goût ainsi constitué au fil des sentences a-artistiques a trouvé en ces limiers de l'écriture commanditée des transmetteurs les plus sûrs. Les arts "plat-steak" les font saliver. Pourtant, il existe une multitude d'approches (structuraliste, sociologique, historique, psychanalytique…) pour aborder les œuvres d'art, mais chez ces cancres avérés de la critique, il n'y en a qu'une qui soit mise en exergue: celle qui leur permettrait de gonfler, dans l'impunité et la perversité, leur portefeuille de billets de banque. La situation n'est pas reluisante. On n'est plus à l'époque de la critique de la ressemblance mais dans celle consistant à mesurer les écarts par rapport à celle-ci. Autrefois on voyait en Giotto un artiste perfectionniste et parfait, aujourd'hui la nouvelle critique n'y verrait qu'un techno-artiste (ne pas confondre avec artiste-techno) c'est à dire quelqu'un qui maîtrise bien les techniques du dessin et de la peinture sans aller fouiller comme disait bellement Rilke dans ces "régions fermées à l'entendement". Transcender le réel est plus avantageux que de l'imiter sournoisement. Les surréalistes avaient fondé leur concept sur cette base et ils avaient réussi. Jadis, Diderot avait écrit au sujet de la critique : "Rendre la vertu aimable, le vice odieux, le ridicule saillant, voila le projet de tout honnête homme qui prend la plume, le pinceau , le ciseau."
Aujourd'hui, cette assertion aurait besoin d'un coup de ciseau pour en éliminer les idées archaïques et les plus désuètes. Car l'art, au stade où il est maintenant, n'est pas dans l'accentuation des traits mais dans la transcendance de ce qu'on aime transposer. La critique éveillée et impartiale devrait chercher les soubassements pour de nouvelles approches picturales. Elle devrait distinguer entre l'art comme expression du sentiment et l'art comme "cogitateur" esthétique avec ancrage socioculturel.
On aimerait finir cette réflexion un peu prosaïquement en re-citant Rilke "Les oeuvres d'art sont d'une infinie solitude. Rien n'est pire que la critique pour les aborder. "
RAZAK
mardi 18 août 2009
Goytisolo sur les traces de Sartre
Les écrivains sont de deux types : les uns , matérialistes jusqu'à la moelle, cherchent les prix lucratifs sans penser aux inconséquences et s’y jettent les yeux fermés, d'autres s'en balancent carrément ou font fonctionner les méninges avant d'en accepter les plus honorifiques. Sanallah Ibrahim et Goytisolo font partie de la deuxième catégorie. Ce sont des écrivains qui ont des principes à défendre. Ils rejoignent le chef de file et le champion dans la catégorie: Jean Paul Sartre. En 1964, ce dernier avait fait fi de manière retentissante du prix Nobel de la littérature qui lui était destiné. Le russe Pasternak fut contraint d’y renoncer -guerre froide oblige-. Ainsi, si en 2003 l'égyptien Sanallah a refusé publiquement le Prix du Caire pour la création romanesque décerné par le ministère égyptien de la culture jugé a-crédible par l'auteur , il a en outre accepté le prix Ibn Rochd pour la liberté de pensée.
De la même manière, Goytisolo qui vient de créer la surprise en ce milieu d’été en refusant, après mure réflexion , le prix que la Libye , via un comité de sélection, lui a accordé. La valeur de la récompense est très substantielle. Auparavant, Goytisolo avait accepté plusieurs prix dont: Premio Europalia, Premio Nelly Sachs, Premio Octavio Paz de Literatura et Premio Juan Rulfo. Mais Goytisolo, notre héros du moment, est d'une autre trempe. Cet anti-franquiste convaincu n’est pas du genre à plaisanter avec les prix fussent-ils alléchants et très lucratifs. Il est question de crédibilité. L’ami de Jean Genet est forcement l’ami de Sartre. Par transitivité, Goytisolo est éminemment sartrien dans son choix. Par ailleurs on remarque que Jean Genet et Goytisolo avaient partagé les même idées libertaires et avaient les mêmes postions vis-à-vis des dictatures et du despotisme. Les deux écrivains ont milité en faveur de la cause palestinienne.
Juan Goytisolo est espagnol mais il semble apatride. Son père a été emprisonné par les républicains pendant la guerre civile quand à sa mère elle a été tuée par l'armada franquiste en 1938. Un tel destin aussi tragique ne pourrait que forger cette destinée aussi unique. Si la célèbre place Jemaâ El Fna, a été classée Patrimoine oral de l'humanité, par l'UNESCO c'est presque grâce à Goytisolo .
Comme son compatriote Picasso, il quitte l’Espagne franquiste et choisit l’exil. Avec le temps il est devenu un auteur engagé combattant toutes les formes d'oppression. Après le décès de son épouse, il quitte Paris et s’installe à Marrakech . Mais l’homme semble ne trouver sa vraie patrie que dans la langue. Il écrit avec un humour caustique. En voici un avant-goût :
« J'ai rêvé ... que les dirigeants de l'Autorité Palestinienne et du Hamas laissaient vivre en paix les pauvres Israéliens soumis quotidiennement à d'humiliantes contrôles, bouclés derrière des murs et des barbelé et pilonnés par leur aviation et leur artillerie ...»
RAZAK
De la même manière, Goytisolo qui vient de créer la surprise en ce milieu d’été en refusant, après mure réflexion , le prix que la Libye , via un comité de sélection, lui a accordé. La valeur de la récompense est très substantielle. Auparavant, Goytisolo avait accepté plusieurs prix dont: Premio Europalia, Premio Nelly Sachs, Premio Octavio Paz de Literatura et Premio Juan Rulfo. Mais Goytisolo, notre héros du moment, est d'une autre trempe. Cet anti-franquiste convaincu n’est pas du genre à plaisanter avec les prix fussent-ils alléchants et très lucratifs. Il est question de crédibilité. L’ami de Jean Genet est forcement l’ami de Sartre. Par transitivité, Goytisolo est éminemment sartrien dans son choix. Par ailleurs on remarque que Jean Genet et Goytisolo avaient partagé les même idées libertaires et avaient les mêmes postions vis-à-vis des dictatures et du despotisme. Les deux écrivains ont milité en faveur de la cause palestinienne.
Juan Goytisolo est espagnol mais il semble apatride. Son père a été emprisonné par les républicains pendant la guerre civile quand à sa mère elle a été tuée par l'armada franquiste en 1938. Un tel destin aussi tragique ne pourrait que forger cette destinée aussi unique. Si la célèbre place Jemaâ El Fna, a été classée Patrimoine oral de l'humanité, par l'UNESCO c'est presque grâce à Goytisolo .
Comme son compatriote Picasso, il quitte l’Espagne franquiste et choisit l’exil. Avec le temps il est devenu un auteur engagé combattant toutes les formes d'oppression. Après le décès de son épouse, il quitte Paris et s’installe à Marrakech . Mais l’homme semble ne trouver sa vraie patrie que dans la langue. Il écrit avec un humour caustique. En voici un avant-goût :
« J'ai rêvé ... que les dirigeants de l'Autorité Palestinienne et du Hamas laissaient vivre en paix les pauvres Israéliens soumis quotidiennement à d'humiliantes contrôles, bouclés derrière des murs et des barbelé et pilonnés par leur aviation et leur artillerie ...»
RAZAK
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