AHMED JAOUAD LE DYNAMOMETRE DE LA LITTERATURE MAROCAINE FAIT FACE A L’EMBARGO
« Après la gaffe, l’apostrophe », ainsi avions titré l’article, paru le 29 janvier 1998, dans le journal Al Bayane et dont le défunt Nadir Yata était le rédacteur-en-chef. La gaffe est celle que des bureaucrates, imbus de leur grade administratif, avaient commise en taxant, sans en avoir les prérogatives médicales adéquates, de fou un jeune comédien qui avait toutes ses facultés mentales et qui était parfaitement conscient de ses actes. Ce subterfuge machiavélique est tellement usité pour discréditer les militants qui dérangent ou qui ne courbent pas l’échine. Quel est son crime, si crime il y a ? Voulant sauver le théâtre de sa ville de la ruine, Jawad avait eu l’audace de mener une grève de la faim, devant le portail de ce dernier. Or, les autorités n’étaient pas habituées à ce genre de manifestations. Comme dénouement salutaire à cette action revendicative et compte tenu du tollé que son cas avait soulevé dans la presse nationale, on le recruta au théâtre Mohamed-V comme adjoint technique Ech. 5. Ce recrutement prouvait que l’on s’était trempé affreusement de diagnostic et infirmait toutes les supputations faites à son égard. Par la suite, Jaouad va donner du fil à retordre à ses détracteurs , dont la majorité est inculte et iconoclaste , puisque durant les années de travail, il a réalisé dans le domaine livresque, ce que le ministère de tutelle n’a pas pu réaliser, malgré son armada budgétivore de fonctionnaires surpayés et dont certains jouent aux fantômes, par leur absentéisme exacerbé. Les séances de dédicaces avec présentation des auteurs ont dépassé les 500. Jaouad en est le pivot, comme le célèbre Bernard Pivot. Une belle performance pour un comédien doublé d’animateur et qui ne dispose que d’un très petit budget dérisoire. Le «fou» de Jadis s’est révélé un grand communicateur d’une efficacité à toutes épreuves. Les véritables fous sont ceux qui I’ avaient incriminé injustement.
Ainsi, malgré le dynamisme qu’il a inculqué au domaine livresque à l’échelle nationale marocaine, son grade est resté le même. Comme rémunération mensuelle, il ne lui reste du brute, après déduction de la mensualité du crédit, qu’il a contracté que (il m’a montré sa fiche de paie) 1833,85 dirhams. Comment peut-on survivre décemment avec un tel salaire de misère, surtout quand on a trois enfants à nourrir?
Comme action revendicative visant la mobilité de son échelle, il prévoit une journée de protestation (1 juillet 2013) devant le portail du ministère de la culture, en s’abstenant de boire et de manger, car comme il le dit dans un communiqué rendu public: «le couteau a atteint l’os». Parallèlement, il fait circuler une pétition de soutien. De nombreux écrivains marocains l’ont signée, pour la levée de l’embargo statuaire. Ce dynamomètre de la littérature marocaine, comparé aux bleus qui se la coulent douce sans rien faire, mérite mieux. Par solidarité, nous avons été parmi les premiers à apposer, sans la moindre hésitation, notre modeste signature, comme on l’avait fait pour Ahmed Senoussi (alias Bziz) et pour Hourya Boutayeb, la brave journaliste de la SNRT, que nous avons surnommée: «Jeannes d’Arc de l’audiovisuel marocain».
RAZAK