jeudi 14 juillet 2011

Schizo-arène


Schizo-arène

Alors que les docteurs de service public se faisaient tabasser méchamment par les gardes mobiles, d’autres se déhanchaient sur le rythme endiablé de Chakira la Colombienne. La matraque le jour et les notes de musique le soir. Une invention purement locale.
Venez vous distraire bande de crétins. Réjouissez-vous du présent et des moments de plaisir, que l’on a réservés exceptionnellement pour vous. Nous sommes dans un pays d’exception, mis par la grâce divine, sur une orbite exceptionnelle. La Baraka le guide et les Saints le protégent. Laissez-vous entraîner par la douceur musicale et par le lyrisme des mots bien rimés. Exceptionnellement pour vous, on a fait venir de très loin des idoles qui coûtent les yeux de la tête, une fourmilière d’instrumentistes et de virtuoses. Accueillez-les avec enthousiasme et ferveur. Délassez-vous. Vous en avez grand besoin. Madame la ministresse connaît parfaitement vos carences. Vous avez besoin d’amusement. Ne la voyez-vous pas s’esclaffer au parlement et dans downloads de Youtube pour donner l’exemple?
Oubliez la mascarade du 22è jour du mois qui succède à celui du nouvel an. Le printemps arabe, c’est de l’histoire ancienne. On est déjà à son automne. Il y a assez de linceuls pour les agonisants et vive les vivants qui savent vivre.
Sur la nouvelle esplanade des Oudayas où des tonnes de ciment et de roches ont été entassées, par la race humaine, pour cacher l’horizon, on a dressé un gigantesque échafaudage, en menuiserie métallique, éclairé avec des sunlight, dont l’allumage et les watts de sommation, font tourner le disque de platine du compteur à une vitesse folle. La régie aime cette folie de comptage, puisque ça l’aide à renflouer sa caisse et faire des bénéfices supplémentaires. L’inconvenant inconvénient, c’est que le plateau noir que l’on a érigé, se trouvait en face du Mellah où une succession de maisons délabrées, entourées d’immondices et implantées à une hauteur dépassant le niveau de la mer de plusieurs mètres. On ne pouvait pas les cacher aux regards des touristes étrangers et des curieux. La pauvre municipalité n’avait pas pris le soin de badigeonner les murs pour camoufler cette laideur nauséabonde. Le jour, le contraste est saisissant. Heureusement, à la tombée de la nuit, de telles difformités ne se voyaient pas, car les bâtonnets de notre rétine sont sollicités plus par les couleurs vives que par les couleurs ténébreuses.
Dans le boulevard, le matraquage des manifestants pacifiques est au menu de tous les jours. Extrapolons: qu’arriverait-il donc quand numériquement le nombre de personnes punies dépasserait celui des punisseurs? Les Tuniques-Vertes et les hommes casqués qui ont humilié ces docteurs plus instruits qu’eux où vont-ils aller en cas de maladie? Les clinque privées? Soit, mais en ont-ils les moyens? Châtier un médecin est la pire des monstruosités qui puisse arriver à une société qui se dit tolérante. Les docteurs châtiés injustement devant tout le monde? Vont penser tout naturellement à leur revanche. Comme dans un mélange détonnant, ces brimades mal scénarisées, au moment des anticipations, pourraient créer l’effet inverse de celui qu’on voulait. Prions pour que cessent les frictions et échauffourées, afin que la société marocaine retrouve sa cohésion d’antan.
RAZAK

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