Houcine Slaoui, pionnier de la chanson humoristique
Si Houcine Slaoui était de notre monde, il serait lauréat bien méritant du Prix International de l’Humour que nous supervisons, avec abnégation et altruisme depuis 2005. Malheureusement, ce prix transculturel aux antipodes des prix lucratifs n’auréole que les brillants parmi les vivants pour enrichir davantage les répertoires et diversifier la création artistique. Autrement, le nom de ce chanteur marocain serait gravé en lettres d’or autant que celui de Charlie Chaplin, Sacha Guitry, Ismail Yassine le comique égyptien et Ibn al Mouqaffa le fabuliste du 8e S qui inspira Jean De La Fontaine. Ça nous honore de les honorer tous. Houcine mériterait d’être consacré pour plusieurs raisons. Primo: il est pionnier au Maroc de ce qu’on on peut appeler chanson humoristique. Secundo: le contenu de ses chansons se démarque par leur charge satirique aigre-douce. Tercio: il y a du documentaire historiographique qui s’insinue dans leurs refrains. Par exemple dans la chanson «Al Marikane Dakhlet» (les Américains débarquent) il nous relate avec un humour exquis les mœurs de l’époque. Quand a «Ahdi Rassek Layfouzou Bik al Kaoumane» (faites attention les maquereaux rôdent autour de vous) c’est une chanson d’un genre préventif inédit, un véritable spécimen archétypique. Ça parle de la malhonnêteté de certains bouchers et vendeurs de poules. Certaines chansons nostalgiques comme «Mahla Nzaha Mâa Nass Lekdam» (quelle belle randonnée en compagnie des gens anciens) et «Sania Oul Bir» (la noria et le puits) elles nous transportent à une époque révolue où l’eau coulait à gogo dans les fontaines et nous renvoient aux promenades en felouques d’antan sur l’oued Bouregreg. Mort en 1951, Houcine Slaoui est entré au panthéon des immortels. Mais malgré l’aura gagnée au prix de mille ardeurs, sa ville natale l’a toujours ignoré. Dommage que des perroquets à bec humain se soient emparés de son héritage pour se faire une renommée sur le dos de ce pionnier de la chanson descriptive, adulé aussi bien par les lettrés que par les illettrés.
RAZAK
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