lundi 29 juin 2009

Abdelkrim Gherib publie une monographie sur le caricaturiste Elarbi Sebbane


L’homme en mériterait tout un paquet, vu l’intarissable encrier d’où il a puisé la sève de ses militantes planches, vu sa fertilité créatrice et surtout vu sa probité intellectuelle. Les années ont passé, mais l’artiste est resté égal à lui-même : compétent mais modeste, perspicace mais il déteste qu’on fasse de l’art un objet de négoce, battant mais toujours non battu, affable mais non affaibli. L’homme est d’une généreuse combativité. On n’est pas seul à vanter les mérites du géniteur de Mehmaz. En effet, dans mon témoignage datant de plusieurs années, j’avais mis en exergue la sincérité et la qualité pionnière dans ce qu’il faisait. Si la cupidité a réduit de l’intégrité de certains amateurs de la caricature mercantile, avec Sebbane c’est l’engagement qui prime. De nos jours, avec le triomphe de la matière, de telles qualités morales pourraient paraître teintées de masochisme. Mais il ne s’agit en fait que du dévouement et de l’amour liés à l’art. Ainsi , après le premier clin d’œil de l’institution de communication Chiraâ (Voiliers) qui a publié un livre rassemblant les caricatures parues dans le journal londonien Al Kods , voici venu le tour d’un académicien de prendre la relève . Abdelkrim Gherib qui n’est pas à son premier ouvrage didactique et anthologique s’y met cette fois avec entrain et enthousiasme. Il s’atèle à la tâche avec ardeur et délectation et puis d’une manière beaucoup plus consistante et documentée. L’initiative vaut son pesant d’or, malgré les petites coquilles de frappe qui se sont glissées dans le texte. Mais le lecteur averti saurait être indulgent, car ces petites fautes d’orthographe n’affectent en rien ni l’expérience lumineuse de ce chantre des opprimés, ni le sérieux de l’auteur qui lui consacre cette monographie. Gherib est un chercheur patient et passionné des itinéraires singuliers. Il a publié une série d’ouvrages à caractère didactique. Avec Sebbane, il a fait tandem de convivialité. Il a su tirer une belle quintessence des différents entretiens avec ce caricaturiste émérite. S’ajoute à cela un travail de triage, d’analyse et de classification. Le travail mérite d’être salué, d’autant plus qu’il y a au Maroc carence bibliographique en la matière.L’on se demande pourquoi les institutions de journalisme, étatiques ou privées n’ont toujours pas jugé bon d’instaurer au sein de leur programmation un cursus dédié à la caricature de presse. Dans le CV de l’artiste, il est indiqué que les élèves de l’ISJ ont rédigé cinq thèses sur ses caricatures.Une causerie avec Sebbane a son charme extatique. Ponctuée d’anecdotes, on n’en sort que déstressé et apaisé. Désargenté mais heureux. Quel paradoxe ! Quand on pense aux milliardaires avares qui se lamentent sans cesse, l’on a envie de vomir. Cela fait un bail qu’on ne s’était pas vu, mais le hasard a voulu qu’on se revoie au début du mois de juin 2009. Je lui avais donné un exemplaire de mon ouvrage sur le prix Bouzghiba de l’humour. Il serait irrévérencieux de ne pas dédicacer son œuvre à un ami que l’on respecte beaucoup. Comme Sebbane est subtilement attentionné, il m’a, réciproquement, offert un exemplaire du dernier livre qui traite exclusivement de son art. J’en étais ravi. J’avouerais même que j’avais de la chance, car cette copie comportait toutes les connotations établies par notre grand artiste. C’est mieux qu'une simple dédicace .
RAZAK

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