lundi 9 mai 2011

Répliques de films à maditer: Reviens-Moi

Réalisateur: Joe Wright
Scénario: Christopher Hampton
D’après le roman «Expiation» d’Ian McEwan

Révélation Expiatoire

Devenue une romancière de renom, Briony Tallis (Vanessa Redgrave ) est interviewée sur son dernier roman autobiographique intitulé Expiation. Le remord la taraude de l’intérieur car elle n’a pas oublié le malheur qu’elle a causé au fils de domestique Robbie, accusé injustement d’avoir violé sa sœur aînée Lola. Pour une éventuelle rédemption, suffirait-il d’inventer des scènes de bonheur pour effacer le préjudice causé à autrui ?

-L’interviewer: Briony Taliss, j’aimerais que nous parlions de votre nouveau roman Expiation qui sort dans quelques jours pour coïncider avec votre anniversaire. C’est votre 21eme roman.
-Briony: C’est mon dernier roman.
-L’interviewer: Non vraiment. Vous prenez votre retraite ?
-Briony: Je vais mourir. Mon médecin dit que je souffre d’une maladie dont le nom est Démence Vasculaire. Cela se traduit par une série d’attaques cérébrales signifiant peu à peu: votre cerveau se dégrade, perte du langage, de la mémoire, ce qui pour un écrivain est plutôt ennuyeux. C’est pour cette raison que j’ai fini ce roman, je crois, il le fallait et c’est pour ça que c’est mon dernier roman. Curieusement voyez-vous, il serait plus exact de dire que c’est le premier et la première version. Durant la guerre quand je travaillais comme infirmière à l’hôpital de Saint Thomas, j’ai écrit plusieurs versions. Je ne savais pas comment raconter.
-L’interviewer : Parce que ce roman est autobiographique, n’est-ce pas ?
-Briony: Oui il l’est. Je n’ai changé aucun nom, le mien, y compris d’ailleurs.
-L’interviewer: Et c’était ça le problème ?
-Briony: Non, à vrai dire, j’avais décidé depuis bien longtemps de ne raconter que la stricte vérité et rien d’autre, sans rimes et sans fioriture. Mais je crois que... Vous l’avez lu… vous devez comprendre pourquoi. J’ai eu de source sûre les comptes-rendus des événements dont je n’ai pas été témoin: les conditions de vie ne prison, l’évacuation de Dunkerque, absolument tout, mais il ressortait de tout cela un sentiment de grand malaise je dois dire et en y réfléchissant, j’avais du mal finalement à comprendre l’intérêt d’une telle démarche.
-L’interviewer : De quelle démarche, pardon, de l’honnêteté ?
-Briony: De l’honnêteté ou la réalité. Parce que, en fait, j’étais beaucoup trop lâche pour aller rendre visite à ma sœur en juin 1940. Je n’ai jamais fait le trajet jusqu’à Balham. La scène dans laquelle je me confesse a été imaginée, inventée. Elle n’aurait jamais pu exister parce que Robbie Turner est mort de septicémie à Bray-Dunes le 1er juin 1940, le dernier jour de l’Evacuation. Et je n’ai jamais pu m’expliquer avec ma sœur Cecilia, parce qu’elle a été tuée le 15 octobre 1940 par la bombe qui a détruit les canalisations de la station métro de Balham. Donc ma sœur et Robbie n’ont jamais eu l’occasion de vivre ensemble ces instants qu’ils méritaient sans aucun doute et dont ils rêvaient tant et que depuis, je reconnais jusqu’à cet instant, j’ai eu le sentiment de les avoir empêchés de vivre. Mais je me suis dit: quel espoir, quelle satisfaction le lecteur pourrait-il tirer d’une fin aussi triste. Alors dans ce moment j’ai voulu donner à Robbie et Cecilia ce qu’ils n’ont pas pu avoir dans la vie. Je crois ce n’est ni par faiblesse, ni par dérobade, mais par le dernier élan de générosité que j’ai offert aux amants des moments heureux.


La structure du film est impeccable. Il n’ y a rien à dire là-dessus. Sauf un petit grain de beauté qui avec l’âge change constamment de joue. Entre «Expiation» et «Le Roi des Aulness» de Michel Tournier on retrouve une toute petite similitude: les deux protagonistes principaux Robbie et Adel sont dénoncés par des garces de très bas âge et ils ont eu la même punition: on les transfert de la prison au front de guerre pour que chacun vive son destin. Cette petite interférence littéraire prouve que dans les faits de telles alternatives ont été envisageables à cette époque de doute et de surchauffe militaire.
RAZAK




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