L'église Sacré-Cœur du théologique au plastique
L’église Sacré-Cœur de Casablanca est sans conteste un monument architectural qui a sa propre histoire. C'est l'architecte français Paul Tournon (1881-1964) qui a dessiné son plan d'architecture. Elle est aussi belle de l'intérieur que de l'extérieur et dotée de deux tourelles jumelles, elle se trouve au milieu de la verdure. En tant que vestige historique, elle a été classée Bâtisse Patrimoniale en 2003. Quand on pénètre à l'intérieur de cette grande cathédrale le regard du visiteur est attiré par les couleurs tamisées du vitrail que les irisations lumineuses ont rendu de plus en plus beau. L'espace intérieur, libre de tout cloisonnement en maçonnerie, répond aux principes formulés par Le Corbusier. De son vivant, Paul Tournon n'avait jamais imaginé que ce lieu de culte serait un jour transformé en un souk des arts plastiques (plats-steaks diraient les malins). On aurait souhaité que les manifestations abritées par cette bâtisse historique soient à but non lucratif ou dédiées aux œuvres de charité. L'Evêché a fait œuvre utile en mettant cette église à la disposition de la municipalité de Casablanca, mais certaines restrictions éthiques devraient être énoncées de manière préambulaire, pour éviter les dérapages, le plus souvent engendrés par la cupidité mercantile. Peut-on organiser une foire commerciale au sein d'une mosquée ancienne comme la Koutoubia par exemple? Ce serait de l'hérésie. C'est une véritable aubaine que d'avoir une telle opportunité, mais de grâce, évitons les amalgames désagréables et les excroissances hybrides. Certes, à Casablanca on manque d'espaces et d'estrades spacieuses de démonstration non seulement pour les arts plastiques, mais aussi pour les autres arts. Cependant, on regrette son exploitation par des gens dont l’unique but est de gagner de l’argent. Comme dans n’importe quel souk chacun des participants doit payer du «Sank» pour son soi-disant stand. On parle de milliers de dirhams pour chaque portion et l’on se demande si les ventes des choses exposées ont rentabilisé la mise. Une telle initiative privée organisée au sein d'un lieu de culte est d'une embarrassante incongruité. C'est du "Habous" version chrétienne. On ne devrait ni en transfigurer, ni défigurer l'essence, si on était réellement pour le respect mutuel, le dialogue spirituel entre les trois religions abrahamiques.
RAZAK
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire