Ingratitude
Par Razak
Pourquoi ne devrait-on récolter que de l’amertume après chaque acte de charité et geste
de bonne volonté? La réponse est simple: il y a erreur de destinataire. La personne à
aider ou à secourir n’est pas celle que l’on pense. Par ailleurs Li Andou Jouâ Kdim
(avarice inguérissable) est incapable de répondre par la pareille, en termes de
courtoisie et de réciprocité bienveillante. Dans le vocabulaire usuel de ces profiteurs
on ne trouve pas le mot Merci. C’est une perte d’encre que de consacrer des lignes
élogieuses à des énergumènes qui cachent du poison derrière la face rieuse et qui
crachent dans la soupe que le bon samaritain leur offre gratuitement. Le mieux qu’on
puisse attendre des mauvais types c’est le manque de civisme et de l’ingratitude
outrancière, pour le geste généreux qu’on vient de commettre en leur faveur. Je dis
commettre, car il y a un peu de susceptibilité qui s’insinue par inadvertance de s’être
trompé de gars. Mais on ne doit pas se lamenter et céder au dépit, car après tout, les
gens sont pierres et «Tob» (roche tendre) comme dit l’adage marocain. Les lecteurs de mes
chroniques se souviennent que bénévolement et stoïquement l’on avait aidé de nombreux
novices dans leurs premiers pas et on a réussi à détourner l’attention sur des comédiens
et comédiennes que l’on considérait comme victimes de la société. On était allé (avec la
bénédiction du chef de rubrique) jusqu’à afficher leur jolies gueules dans la publication
pour que les lecteurs se souviennent d’eux. Après la diffusion du journal, ils ont vu que
leurs conditions se sont nettement améliorées, mais ils oublient de dire merci, au moins,
au support qui a servi de courroie de transmission et de passerelle. Bref, ils en ont
profité, mais pourquoi se montrer irrévérencieux comme font les arnaqueurs et les pique-
assiettes? Les uns ont carrément changé de statut social. De l’être besogneux à l’être
fortuné, l’ascension devait-elle passer par le sacrifice du chroniqueur ou du journaliste
culturel qui l’a propulsé? D’autres, menacés d’expulsion de leur domicile, ont dû être
sauvés in extremis grâce au journal qui, par solidarité, a évoqué leur cas. On n’attend
pas d’eux qu’ils nous fassent une thèse doctorale de civilité, mais un tout petit mot de
gratitude pour le rôle noble accompli. Que dire enfin de quelqu’un qui vient presque à
quatre pattes vous supplier d’écrire sur son calvaire, mais une fois débarrassé de son
problème, il vous dit sans vergogne: «dommage, le journal n’a pas beaucoup de lecteurs»
comme si les journaux qui tirent à 100 milles ou 120 milles étaient tous crédibles et
ne dribblaient pas avec la vérité. Excepté les ressortissants étrangers, on reçoit
rarement de feed-back de nos concitoyens humblement servis, qu’ils soient artistes,
acteurs, politiciens ou activistes de la société civile. Il y en a qui, franchissant le
fleuve amer de la misère détestent ceux qui ont eu la gentillesse et le flair de les
révéler en toute primeur au public. Ils ont supprimé leurs articles du book-press parce
que cela leur rappelle les années de pauvreté et de galère. Etre artiste, c’est avoir un
minimum de politesse et être reconnaissant envers ceux et celles qui vous ont déblayé le
terrain. En tant que freelance, ayant épaulé pas mal de gens (voire archives de presses)
j’aurais dû demander ma part du gâteau, notamment à ceux et celles qui réussissent, car
tout travail mérite rétribution, mais je ne l’ai pas fait et je ne le ferais pas, parce
qu’un humanisme quelque peu masochiste m’y conduit comme un écervelé. Demander des sous à
un photographe sur le point d’être expulsé de son taudis n’est pas de mes habitudes.
Demander de l’argent à des comédiens chassés des tréteaux ou ignorés par les maisons de
production cinématographiques ne fait pas patrie de mes moeurs. Le matérialisme sauvage a
ébranlé toutes les bonnes valeurs. Désormais, le verbe «profiter» se conjugue à tous les
temps grammaticaux. Comme par décadence, toutes les belles choses sont devenues
monnayables et obéissent à la vile loi du marchandising. Une chanteuse au crépuscule de
sa carrière a dit sans rougir: «j’ai le droit d’acheter les récompenses et les
distinctions». Cela signifie corrompre les jurys de sélection. N’est-ce pas horrible? Les
prix doivent auréoler les plus talentueux et non pas les plus riches. Comme je l’ai déjà
mentionné dans le tome-2 de la monographie Bouzghiba-Awards qui va paraître prochainement
sous forme de E-book (le contrat vient d’être signé avec un cyber-éditeur parisien):
«certains sont devenus caricaturaux et affreusement affadis, à cause du folklorisme
clinquant et de l’affairisme décadent qui les submergent. L’objectivité y a cédé la place
à la complaisance et à l’arnaque. Il n’a résulté de ces "loteries" perverses que les
mièvreries et les impuretés pseudo artistiques. Certes, quelques individualités
talentueuses méritaient d’être auréolées, mais il fallait être précautionneux pour ne pas
en faire des prétentieux doublement affectés de négativisme et de mégalomanie. De grands
vaniteux sont sortis de ces «urnes» dépravatrices. La débauche y est devenue une
constante écœurante».
Par Razak
Pourquoi ne devrait-on récolter que de l’amertume après chaque acte de charité et geste
de bonne volonté? La réponse est simple: il y a erreur de destinataire. La personne à
aider ou à secourir n’est pas celle que l’on pense. Par ailleurs Li Andou Jouâ Kdim
(avarice inguérissable) est incapable de répondre par la pareille, en termes de
courtoisie et de réciprocité bienveillante. Dans le vocabulaire usuel de ces profiteurs
on ne trouve pas le mot Merci. C’est une perte d’encre que de consacrer des lignes
élogieuses à des énergumènes qui cachent du poison derrière la face rieuse et qui
crachent dans la soupe que le bon samaritain leur offre gratuitement. Le mieux qu’on
puisse attendre des mauvais types c’est le manque de civisme et de l’ingratitude
outrancière, pour le geste généreux qu’on vient de commettre en leur faveur. Je dis
commettre, car il y a un peu de susceptibilité qui s’insinue par inadvertance de s’être
trompé de gars. Mais on ne doit pas se lamenter et céder au dépit, car après tout, les
gens sont pierres et «Tob» (roche tendre) comme dit l’adage marocain. Les lecteurs de mes
chroniques se souviennent que bénévolement et stoïquement l’on avait aidé de nombreux
novices dans leurs premiers pas et on a réussi à détourner l’attention sur des comédiens
et comédiennes que l’on considérait comme victimes de la société. On était allé (avec la
bénédiction du chef de rubrique) jusqu’à afficher leur jolies gueules dans la publication
pour que les lecteurs se souviennent d’eux. Après la diffusion du journal, ils ont vu que
leurs conditions se sont nettement améliorées, mais ils oublient de dire merci, au moins,
au support qui a servi de courroie de transmission et de passerelle. Bref, ils en ont
profité, mais pourquoi se montrer irrévérencieux comme font les arnaqueurs et les pique-
assiettes? Les uns ont carrément changé de statut social. De l’être besogneux à l’être
fortuné, l’ascension devait-elle passer par le sacrifice du chroniqueur ou du journaliste
culturel qui l’a propulsé? D’autres, menacés d’expulsion de leur domicile, ont dû être
sauvés in extremis grâce au journal qui, par solidarité, a évoqué leur cas. On n’attend
pas d’eux qu’ils nous fassent une thèse doctorale de civilité, mais un tout petit mot de
gratitude pour le rôle noble accompli. Que dire enfin de quelqu’un qui vient presque à
quatre pattes vous supplier d’écrire sur son calvaire, mais une fois débarrassé de son
problème, il vous dit sans vergogne: «dommage, le journal n’a pas beaucoup de lecteurs»
comme si les journaux qui tirent à 100 milles ou 120 milles étaient tous crédibles et
ne dribblaient pas avec la vérité. Excepté les ressortissants étrangers, on reçoit
rarement de feed-back de nos concitoyens humblement servis, qu’ils soient artistes,
acteurs, politiciens ou activistes de la société civile. Il y en a qui, franchissant le
fleuve amer de la misère détestent ceux qui ont eu la gentillesse et le flair de les
révéler en toute primeur au public. Ils ont supprimé leurs articles du book-press parce
que cela leur rappelle les années de pauvreté et de galère. Etre artiste, c’est avoir un
minimum de politesse et être reconnaissant envers ceux et celles qui vous ont déblayé le
terrain. En tant que freelance, ayant épaulé pas mal de gens (voire archives de presses)
j’aurais dû demander ma part du gâteau, notamment à ceux et celles qui réussissent, car
tout travail mérite rétribution, mais je ne l’ai pas fait et je ne le ferais pas, parce
qu’un humanisme quelque peu masochiste m’y conduit comme un écervelé. Demander des sous à
un photographe sur le point d’être expulsé de son taudis n’est pas de mes habitudes.
Demander de l’argent à des comédiens chassés des tréteaux ou ignorés par les maisons de
production cinématographiques ne fait pas patrie de mes moeurs. Le matérialisme sauvage a
ébranlé toutes les bonnes valeurs. Désormais, le verbe «profiter» se conjugue à tous les
temps grammaticaux. Comme par décadence, toutes les belles choses sont devenues
monnayables et obéissent à la vile loi du marchandising. Une chanteuse au crépuscule de
sa carrière a dit sans rougir: «j’ai le droit d’acheter les récompenses et les
distinctions». Cela signifie corrompre les jurys de sélection. N’est-ce pas horrible? Les
prix doivent auréoler les plus talentueux et non pas les plus riches. Comme je l’ai déjà
mentionné dans le tome-2 de la monographie Bouzghiba-Awards qui va paraître prochainement
sous forme de E-book (le contrat vient d’être signé avec un cyber-éditeur parisien):
«certains sont devenus caricaturaux et affreusement affadis, à cause du folklorisme
clinquant et de l’affairisme décadent qui les submergent. L’objectivité y a cédé la place
à la complaisance et à l’arnaque. Il n’a résulté de ces "loteries" perverses que les
mièvreries et les impuretés pseudo artistiques. Certes, quelques individualités
talentueuses méritaient d’être auréolées, mais il fallait être précautionneux pour ne pas
en faire des prétentieux doublement affectés de négativisme et de mégalomanie. De grands
vaniteux sont sortis de ces «urnes» dépravatrices. La débauche y est devenue une
constante écœurante».
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