Du Malhoune en langue française
Pour remettre au goût du jour les splendeurs métaphoriques et les richesses du Malhoune
(poésie populaire) Adib el Machrafi et Hilali ont fait tandem radiophonique. Le premier
récitant en arabe dialectal les vers de la Kassida (texte poétique) le second enchaîne
dans la langue de Molière. La Kassida choisie s’intitule «Le cœur». Le brillant Sidi
Kaddour al Alami (1742-1850) en est l’auteur. Le duo y a mis tant de cœur et d’ardeur.
Une gageure par rapport à ce que faisait Ahmed Souhoum au mois du carême avec une
certaine érudition. Le métissage linguistique en est une plus-value. La traduction est
signée Fouad Guessous. Le soir du vendredi 4 mai les ondes de la RTM Chaîne-Inter ont
colporté les effluves lyriques d’une saveur inédite. Sidi Kaddour al Alami fut ressuscité
de manière bellissime. Il n’est pas aisé de traduire les expressions de ce poète
philosophe car certains mots comme al Gharnoug et al Jahloul ne sont plus en usage de nos
jours. Les francophones redécouvriraient un Boileau d’une verve satyrique toute teintée
de sophisme. Abderrahman al Majdoub et Kaddour al Alami constituent deux piliers de la
littérature populaire marocaine. Ils ont inspiré de nombreux hommes de théâtre et groupes
de musique populaire. Leurs strophes sont en fait des adages d’une consonance
proverbiale. En voici un petit chapelet scintillant:
«Ils vous séduisent par le charme et l’élégance
Taisent la cupidité, montrent l’apparence
Mais s’ils s’aperçoivent que tu es fortuné
Tes mains par la prodigalité percée
Ils passent des heures avec toi délassés
Seigneur, mais dès que tes poches se vident
Se détournent de toi sans raison valide
Tu as beau être clairvoyant et lucide »
Quelle profondeur! Que les rédacteurs des fameux «Cahiers…» réécoutent cette émission ou
demandent aux gérants de la boite de la reprogrammer. Ils y apprendraient sans faux
fuyants que, loin des enchevêtrures partisanes et bureaucratiques de mauvais alois, les
voies transculturelles sont plus enrichissantes que les chemins à sens unique. Bravo à el
Macharfi pour son abnégation. Depuis quatre mois le pauvre n’a pas touché sa solde, mais
malgré le calvaire il n’a pas perdu le moral. Quelqu'un d'autre de plus pugnace aurait
cassé la baraque pour avoir son dû. L’on souhaite qu’après avoir retrouvé sa paie (dans
le cadre réglementaire d'une régularisation salutaire) il renchaîne avec la célèbre
Kassida «Ana Fehmakoum ya Hel Meknès» que par ailleurs cet aède socratique né à Meknès a
rédigée après qu’on lui a dérobé insidieusement sa maison.
RAZAK
Pour remettre au goût du jour les splendeurs métaphoriques et les richesses du Malhoune
(poésie populaire) Adib el Machrafi et Hilali ont fait tandem radiophonique. Le premier
récitant en arabe dialectal les vers de la Kassida (texte poétique) le second enchaîne
dans la langue de Molière. La Kassida choisie s’intitule «Le cœur». Le brillant Sidi
Kaddour al Alami (1742-1850) en est l’auteur. Le duo y a mis tant de cœur et d’ardeur.
Une gageure par rapport à ce que faisait Ahmed Souhoum au mois du carême avec une
certaine érudition. Le métissage linguistique en est une plus-value. La traduction est
signée Fouad Guessous. Le soir du vendredi 4 mai les ondes de la RTM Chaîne-Inter ont
colporté les effluves lyriques d’une saveur inédite. Sidi Kaddour al Alami fut ressuscité
de manière bellissime. Il n’est pas aisé de traduire les expressions de ce poète
philosophe car certains mots comme al Gharnoug et al Jahloul ne sont plus en usage de nos
jours. Les francophones redécouvriraient un Boileau d’une verve satyrique toute teintée
de sophisme. Abderrahman al Majdoub et Kaddour al Alami constituent deux piliers de la
littérature populaire marocaine. Ils ont inspiré de nombreux hommes de théâtre et groupes
de musique populaire. Leurs strophes sont en fait des adages d’une consonance
proverbiale. En voici un petit chapelet scintillant:
«Ils vous séduisent par le charme et l’élégance
Taisent la cupidité, montrent l’apparence
Mais s’ils s’aperçoivent que tu es fortuné
Tes mains par la prodigalité percée
Ils passent des heures avec toi délassés
Seigneur, mais dès que tes poches se vident
Se détournent de toi sans raison valide
Tu as beau être clairvoyant et lucide »
Quelle profondeur! Que les rédacteurs des fameux «Cahiers…» réécoutent cette émission ou
demandent aux gérants de la boite de la reprogrammer. Ils y apprendraient sans faux
fuyants que, loin des enchevêtrures partisanes et bureaucratiques de mauvais alois, les
voies transculturelles sont plus enrichissantes que les chemins à sens unique. Bravo à el
Macharfi pour son abnégation. Depuis quatre mois le pauvre n’a pas touché sa solde, mais
malgré le calvaire il n’a pas perdu le moral. Quelqu'un d'autre de plus pugnace aurait
cassé la baraque pour avoir son dû. L’on souhaite qu’après avoir retrouvé sa paie (dans
le cadre réglementaire d'une régularisation salutaire) il renchaîne avec la célèbre
Kassida «Ana Fehmakoum ya Hel Meknès» que par ailleurs cet aède socratique né à Meknès a
rédigée après qu’on lui a dérobé insidieusement sa maison.
RAZAK
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