BZIZ L’ETERNEL PROSCRIT
Les observateurs étrangers s’étonnent toujours qu’un humoriste comme Ahmed Senoussi, alias Bziz, soit toujours exclu du système audiovisuel marocain. Mais malgré l’exclusion arbitraire, l’humoriste marocain jouit d’une popularité grandissante , allant au-delà des frontières étroites de son pays . Même le célébrissime Peter Brooke le génial metteur en scène de Marabharata croit en ce que fait Bziz. Ce dernier trouve dans la dénonciation des médiocrates une vocation qui colle de plus près à ses ambitions personnelles. Bziz ne parodie pas pour passer le temps comme font les amuseurs publics sponsorisés ou en voie de l’être. Ces bouffons dont la clownerie ne fait grimacer personne, ont quitté les tréteaux pour se mettre au service de livreurs de détergents, de chewing-gum et de dentifrice. Malheureusement, ces derniers s’accaparent la scène médiatique. Ils ont pollué les images que l’on livre aux gens chaque soir en prime time. Quand à Bziz et ses semblables, ils n’ont qu’à attendre Godot qui ne viendrait pas. Et s’ils sont trop pressés ils n’ont qu’à se suicider. Je me souviens d’un spectacle donné (Mardi 11 juillet 1991) sous l’égide d’une association de défense des droits humains, la grande salle de spectacle dont dispose la capitale marocaine ne suffisait plus pour contenir toute l’assistance. Un écran grand format a été dressé à l’entrée de la salle pour permettre aux retardataires de suivre, via une retransmission vidéographique, la soirée qui était dédiée au Liban . Ils étaient environs 3000 spectateurs issus d’horizons divers. Parmi les artistes qui s’y sont produits bénévolement, il y avait (si j'ai bonne mémoire ) Mohamed Darham, Abdelaziz Tahiri membres du groupe de musique populaire Jil Jilala et la formation musicale Nawras .Mais la prestation la plus attendue fut celle de Bziz .Avant son entrée en scène, la foule a longuement scandé son nom et répété en chœur des chants de revendication dont nous reproduisons texto quelques refrains « Hada âr Hada âr Senoussi Mouhassar » (Il est honteux que Senousssi soit proscrit) , « Harrirou Attalfaza … » ( libérez la télévision…) . Jamais dans le monde une télévision de service public n’aurait reçu autant de flèches et de désapprobation. Bziz, véridique jusqu’à la moelle , ne mâchait pas ses mots .Outre les archaïsmes et dysfonctionnements mille fois décriés, il s’attaquait aux nouveaux faiseurs de bêtise bien gargarisés dans leurs confortables fauteuils .Il médisait le bicéphalisme des professionnels de la politicaillerie et se riait de leur sournoise servilité. Ses gags satiriques le prouvaient. Les temps n'ont pas changé .
RAZAK
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire