samedi 26 mars 2011

FLASH-BACK SUR UN TEXTE PREMONITOIRE

2004: Flash-back sur un texte prémonitoire

«Beaucoup d’intellectuels maghrébins pensent que la politique, réduite à de la politicaillerie, ne vaut pas la peine de s’y consacrer. Elle n’est pas faite pour les honnêtes gens. Il y a trop d’intérêts personnels, trop de démagogie et de mensonges pour qu’elle convainque les hommes intègres. La majorité silencieuse, résignée et laxiste, se contente de regarder les minorités privilégiées prendre les commandes. Ce rôle passif de citoyens sans citoyenneté, rend actifs les arrivistes et opportuniste de tout acabit. Le peuple arabe, de façon générale, n’a pas de chance. La démocratie lui sera toujours interdite ou cédée à petite dose quand un concours de circonstance ou des pressions extérieures rendent la concession indispensable. Ce qui vient de se passer en Tunisie est une insulte à l’intelligence des tunisiens. En tant que maghrébin rêvant d’une "Sahoua" d’honneur qui ferait des dirigeants arabes des démocrates dignes de confiance de leur peuple et crédibles vis-à-vis de l’occident, je me sens trahi dans mon rêve. Le cauchemar et le rapt risquent de perdurer. Je pense néanmoins à un homme que je respecte beaucoup pour sa probité politique: Léopold Sédar Senghor. L’homme est poète avant d’être politicien. Il n’a pas voulu manipuler les élections pour assurer une présidence à vie, comme font les petits hommes ivres de pouvoir. Abdou Diouf fait de même, il cède la place à son rival en respectant les règles du jeu. Pourtant, le Sénégal est un pays exposé à toutes les convoitises ethniques et tribales. Mais les aspirations démocratiques semblent au dessus de la mêlée. Des verdicts électoraux à 99,99 % c’est chez les "frères" arabes qu’on les trouve. Jamais en Israël. C’est, à coup sûr, une mascarade. Les intellectuels tunisiens avides de changement seront ulcérés. Comme si le jour du vote (dimanche 24 octobre 2004) aucun électeur n’est tombé malade ou n’a pas été retenu par un empêchement quelconque. On a l’air de voir dans ce pays à gouvernance rigide une sorte de divinisation du «Zaîm». Certes, on reproche à Bush et à Sharon leur arrogance vis-à-vis des palestiniens, mais dans leur pays respectif, jamais les consultations électorales n’ont atteint un tel degré de stupidité, de légèreté et de manque de considération. En France, l’alternance RPR /PS s’est toujours jouée à quelque milliers de voix de différence. Une victoire à 99,99% ferait sortir les Gavroches dans la rue pour rétablir la vérité électorale. Excepté pour les pays de l’ex-bloc communiste (vote à la soviétique) de telles majorités anecdotiques n’ont plus refait surface en Europe. La Communauté Européenne, faisant des acquis démocratiques un critère d’adhésion, est derrière cette métamorphose salutaire. En Turquie, pays européen par la géographie, les efforts de démocratisation entrepris depuis quelques années, n’ont pas été en mesure de lui assurer une entrée franche dans la communauté. Les violations des droits de l’homme défrayaient la chronique dans le pays de l’Atatürk. Les nouveaux dirigeants ont pris conscience qu’une Europe communautaire ça se construit non seulement sur le terrain de l’économie, mais aussi celui des droits humains. Ils ont dû rectifier le tir et puis comme par miracle, l’essor économique accompagne ce changement de politique. Dans quelques années, quand les griefs seront aplanis pour de bon, la Turquie pourrait enfin faire partie de la C.E. Peut-on voir naître à l’instar des européens une communauté au nord de l’Afrique où l’on utilise la même monnaie et circuler librement sans les formalités de visa? A l’heure actuelle, c’est une chimère que de penser à cette union enchanteresse bien que tout prédispose la région à un avenir meilleur. Les divergences semblent plus profondes qu’on le pense. Par ailleurs, un vote à la soviétique n’est pas de nature à homogénéiser le substrat. Le jour où l’on sonnera le glas à ces pratiques moyenâgeuses qui ajoutent à la société maghrébine plus de mal qu’elles n’en retranchent et que l’on verra des scrutins serrés entre les différents postulants, comme ce qui se passe dans les pays à la démocratie assise, alors l’on pourrait croire qu’un pas a été franchi vers la démocratisation. L’on serait convaincu que la jeunesse, ce grand réservoir de potentialités mises en veilleuse, il y a belle lurette, pourrait enfin prendre son destin entre ses mains sans paternalisme ni préjugés réducteurs. On a beau reprocher aux occidentaux d’être des alliés d’Israël , mais l’on oublie que ce dernier est perçu par ces mêmes occidentaux comme le meilleur des mauvais, malgré l’hécatombe qu’il a fait des palestiniens . Le premier ministre est issu des urnes et les décisions sont prises par un système de vote admis par tous. Les partis politiques, fonctionnant en s’appuyant sur une démocratie interne, permettent le renouvellement des élites. L’hécatombe n’est pas décidée que par Sharon. Autrement, il aurait déguerpi au moindre désaveu. Même le "gentil" Pères y a donné son avis démocratiquement. Certes, en Israël il y a une lutte acharnée pour le pouvoir mais les rouages électoraux sont rarement mis en question. Par contre, dans les pays arabes, si l’on est élu par on ne sait quel coup de dé c’est pour y être à vie. Les formations politiques semblent atteintes par la sclérose et la sénilité. Et quiconque critique leur archaïsme, est aussitôt mis au pilori. Plus jeune et plus pertinent que moi tu meurs. Leurs portes sont ouvertes plus à la dissidence qu’aux nouvelles adhésions. D’où leur atrophie pathologique. On fait de l’intolérance et l’exclusion une règle de conduite. Conséquence: prolifération de pseudo partis n’ayant aucun lien avec le peuple d’en bas sauf celui de l’enrichissement sur son dos. Absence de programme dûment pensé et d’alternative mûrement réfléchie. Manque de clarté. Ces disfonctionnements sont la cause de l’effritement de la vie politique dans le monde arabe. C’est devenu sans intérêt et insipide .Comme un malheur n’arrive jamais seul, les journaux édités par ces partis atteints par le pire des gharadismes, sont acculés à charrier les mêmes tares handicapantes : la censure, l’autocensure , la langue de bois, la ficaille … etc. Quand on les écarte du pouvoir ils jouent mal leur rôle de parti d’opposition parce qu’ils n’ont pas l’ancrage sociétal nécessaire. Leur presse est sans lectorat parce que non crédible. Tout cela est dû au manque de démocratie. Certes, il faut séparer le torchon des serviettes, mais l’on remarque que même les partis dits historiques commencent à s’éloigner de leur "marjiîya al hizbiya" et de leur idéal pour lequel des militants sincères ont sacrifié leur vie. Le pragmatisme capitaliste les a rendus moins percutants et moins incisifs. Résumons: C’est l’absence de démocratie qui a fragilisé l’Iraq. (Je suis contre l’invasion anglo-américaine mais il faut avouer aussi que si Saddam était un vrai démocrate l’Iraq serait peut-être épargné). C’est par manque de démocratie que des Rais arabes sont devenus des phallocrates autoritaires transmettant le pouvoir à leur progéniture par filiation héréditaire alors que seul le vote populaire devrait trancher. C’est aussi par manque de démocratie que les postes-clefs de l’administration étatique dans le monde arabe sont offerts aux fils à papa alors qu’un concours de sélection devrait être organisé en bonne et due forme afin de mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. C’est par manque de démocratie que des sanguinaires sont entrés dans l’hémicycle de députation pour légiférer. C’est par manque de démocratie que la justice dans les pays arabes a manqué souvent de justesse. La démocratie (démos: peuple, cratie: pouvoir) c’est l’équité. C’est offrir les mêmes chances à tous les citoyens sans discrimination ni favoritisme. C’est la tolérance et l’acceptation des idées des autres. C’est aussi le respect des minorités, l’indulgence de la majorité et le règne de la clarté. C’est la transparence dans les rouages de gestion et la régularité dans les procédures. C’est la liberté d’expression, de croyance, et de culte. Vivre dans une démocratie c’est se sentir chez soi en sécurité et bien dans sa peau. C’est faire halte aux abus de pouvoir et aux tractations et intimidations liberticides. Dans le monde du travail c’est la mobilité de la grille des salaires et l’amélioration du bien-être. C’est le partage des richesses et la division équitable des bénéfices. Bref, c’est le règne de l’excellence et l’abolissement de la médiocratie. A quand un vote sans bavure?»
RAZAK

mardi 22 mars 2011

Une marche contre l'immobilisme









UNE MARCHE POPULAIRE CONTRE L’IMMOBILISME

«Les plus beaux chants sont les chants de revendications» disait Léo Ferré. Les opprimés et déçus du système sont sortis dans la rue, et en manifestant pacifiquement, ils se sont soulagés d’un lourd fardeau, celui d’exprimer leur opinion loin des canaux obstrués et habituels de la bureaucratie. Quand les lettres envoyées aux responsables sont restées sans réponse, quand les portes de l’administration publique sont fermées aux doléances, quand les demandes d’audience sont systématiquement rejetées, quand la corruption est érigée en système de gouvernance, quand les dysfonctionnements crèvent l’œil et l’injustice fait rager, le plus naturel des gestes serait de se soumettre au mot d’ordre: sortir dans la rue et crier haut et fort pour que ça change. Le 20 mars 2011 restera gravé dans les mémoires. Ils étaient des milliers de jeunes épaulés par des gens âgés à scander à tue-tête des slogans revendicatifs comme «Abbas déguerpis», «PAM out» et «On ne veut pas d’une constitution pour esclaves». Les marches de protestation sont le meilleur courrier contre cet atermoiement pathologique, et ce statuquo symptomatique.
Rabat ville infestée d’indics et de rats de l’administration centrale est aussi la ville où l’on manifeste le plus. Qu'il pleuve ou qu'il vente, les marches de protestations se relaient durant les 12 mois de l’année. Diplômés chômeurs, enseignants stagnant dans leur grade, syndicalistes et militants affilés à des associations de droits de l’homme en sont les principaux acteurs. La dernière marche de Rabat n’avait pas de motivation idéologique. On y retrouve toutes les composantes de la société civile: laïcs et intégristes religieux, enfants et adultes, femmes mariées et filles nubiles, avocats et personnel médical, diplômés chômeurs et salariés, comédiens et artistes peintres, bref tout un arc-en-ciel représentatif de la société marocaine. Seuls les froussards se contentent des trottoirs et des marges de chaussées piétonnes. Les frileux qui faisaient partie des trois quarts qui n’ont pas voté aux élections et qui par lâcheté pensent toujours au pire, doivent regretter d’avoir raté un rendez-vous avec l’Histoire. Manifester pacifiquement est un comportement digne d’éloge. Revendiquer certaines choses logiques, exprimer son désaccord envers certaines décisions impopulaires, crier son ras-le-bol, n’est-ce pas lié au dynamique de la vie elle-même? Biologiquement et physiologiquement, nos cellules revendiquent chaque jour davantage de vitamine et d’anticorps pour combattre les microbes et les virus, sinon c’est la chute fatale c’est à dire TILT. La monotonie et la routine tuent la vie. La marche du 20 mars dans laquelle Bouzghiba et son géniteur ont participé non sans fierté s’était déroulée pacifiquement. Cela est encourageant. Ainsi sous un soleil zénithal qui nous rappelle par sa torpeur celui du mois d’août on a marché côte à côte avec les jeunes potentialités rêvant d’une vie meilleure. Avec la liste bouzghibienne des 20 proscrits du système on était au fait 22 à manifester sous la même planche revendicative. Le caricaturiste populaire El Abed (voir photos) s’est joint à nous avec son militantisme salutaire. Nous nous sommes immergées dans la marrée humaine, criant et répétant en chœur des slogans revendicatifs contre les cancres du gouvernement.
On souhaite que le message ait pu passer à qui de droit. Il n’est plus urgent d’attendre. Le peuple veut des reformes en profondeur et dans les plus brefs délais. Les promesses ne font pas vivre les affamés parce qu’elles rentrent dans le contexte du prévisionnel hypothétique et non pas dans le structurel systémique.

RAZAK


















































































vendredi 18 mars 2011

Jeter du lest

JUSTE QUELQUES JOURS APRES LA PUBLICATION DANS NOTRE BLOG DE LA CARICATURE A TRAVERS LAQUELLE BOUZGHIBA DEVOILE LA LISTE DES 20 MAROCAINS PROSCRITS DU SYESTEME ODIEUX-VISUEL. VOILA QU'ON ASSISTE A UNE OPERATION DE REAJUSTEMENT INOPPINEE. ON A COMMENCE PAR L'HOMMAGE OFFICIEL EN FAVEUR DU DRAMATURGE ABDELKBIR BERRECHID (SALON DU LIVRE 2011). LA CHANTEUSE ENGAGEE SAIDA FIKRI EST PROGRAMMEE AU PROCHAIN FESTIVAL MAWAZINE ET TOUT RECEMMENT ON A INVITE LE MILITANT DE L' AMDH ABELHAMID AMINE DANS UNE EMISSION DE 2M (16 MARS 2010) Où IL A PARLE DE BOUÄOU. MAIS ON NE SERAIT ASSOUVI QUE SI DR MAHDI EL MANJARA ET L'HUMORISTE BZIZ SERAIENT INTERVIEWES EN DIRECT ET SANS L'USAGE STUPIDE DES SCISEAUX DE LA CENSURE.
RAZAK

samedi 12 mars 2011

Abdelkader Secteur et le rire médicamenteux

C’est sans doute la première fois que l’humoriste Abdelkader Secteur se produit sur la scène boisée du théâtre de Rabat, mais on en a la certitude, c’est le spectacle le plus hilarant de ce début de saison artistique. Marrakech lui avait déjà ouvert une brèche. Ce diable de conteur, svelte et tout vêtu de noir a séduit le plus large des publics des deux sexes avec une dominante pour les silhouettes jeunes dont on sait d’avance qu’elles sont des inconditionnelles du Rai. La salle basse et les deux gradins ont été archicombles. Certains ont dû acheter le ticket au marché noir à la coquette somme de 500 dirhams. Le Gad el Maleh algérien, exilé artistique volontaire nous a montré de quels déboires il s’échauffait. On s’esclaffait au rythme d’un rire par seconde. Ce qui constitue une prouesse digne d’éloge. Le one-man-show thématisé à juste titre «La vie de chien» parle d’hommes infortunés mis aux abois par les circonstances contrariantes. Abdelkader nous avait raconté avec le patois algérien si reconnaissable par son «ârancia» (mélange de l’arabe et du français) ses mésaventures où un certain Ahmed, personnage grossier et désinvolte ne fait qu’empirer les choses. Son profil brossé satiriquement avec un faciès émacié et longiligne nous faisait penser au quatrième Dalton dont la hauteur da sa taille est le double du nain moustachu. Abdelkader le Lucky Luck de la drôlerie a réussi à captiver l’auditoire. Son «One Abdelkeder Show» a fait pleurer de rire l’assistance notamment quand il s’attaqua à la boulimie gargantuesque de certains pères de familles qui, endormis avec le ventre plein de victuailles, ils voient de mauvais rêves comme par exemple phagocyter un bateau pétrolier. Les Fayots pimentés plus Ragoût plus Raiby cela donne des cauchemars au cœur de la nuit. Le chien à saucissonner, la voiture dotée de computer de contrôle et qui parle d’une « voie barbue » et puis les funérailles comparées sont autant de sujets comiques abordés avec un style aigre doux. L’argot dont l’artiste s’était servi n’a pas gêné sa prestation. Il y a quelque chose de médicamenteux dans ses gags. On peut dire sans risque de se tromper qu’ils sont un remède contre le stress. A la sortie de la salle les gens avaient l’air heureux. C’était comme s’ils sortaient d’une cure de jouvence toute faite de fou rire et de délassement. Si le vieux Cheb Khaled et Bilal sont à leur énième apparition au Maroc, on ne peut que souhaiter la bienvenue au faiseur de rire Abdelkader, pourvu qu’il enchaîne avec d’autres spectacles comiques de même facture en tachant d’élargir l‘éventail thématique car d’autres sujets et d’autres phénomènes sociaux méritent d’être appréhendés avec causticité, ces domaines sont restés en friche. On voudrait d’autres sketchs plus impersonnels, loin des confidences faussement vraies genre: mon père qui ressemble à Lee Van Cleef faisait ceci et Yemma disait cela. Avec son punch, Abdelkader nous a fait subitement penser à Ahmed Senoussi, l’oublié des tréteaux et medias audio-visuels marocains. L’on souhaite qu’avec les révisions en cours, on nous redonne l’occasion de revoir l’auteur comique de «La Fête du Loup». Ainsi, réuni sur un même plateau le duo ferait rire à tordre le cou des milliers de spectateurs maghrébins. Ainsi, comme nous l’avions déjà mentionné dans d’autres chroniques: par les temps maussades qui courent le rire est devenu une denrée si rare et si précieuse. »

RAZAK



mardi 8 mars 2011

Tchaïkovski a fait pleurer un bébé au théâtre de Rabat

Si d’ordinaire on dit que la musique adoucit les moeurs. Il arrive parfois qu’elle fasse, contre toute attente, gémir un bébé, comme cela s’est produit le vendredi 4 mars au théâtre Mohamed-V, au tout dernier moment du récital. Ce qui est amusant c’est que ce bébé qui s’était tenu tranquillement durant une heure et demie a bien placé son adagio plaintif au moment propice. Ce qui a déclenché un rire collectif dans la salle, suivi d’un tonnerre d’applaudissements. Comme cela, les pleurs du petit môme sont entrés dans les annales de musique classique au Maroc. Ils ont dû imprimer leur sonorité naturelle dans la partition musicale de l’un des géants de la musique lyrique. Ce n’est pas Casse-noisettes, avec ses valses entrainantes, mais un oratorio d’une âme perdue. Si notre soliste de bas âge s’était manifesté au début ou au milieu du récital, cela aurait créé un désagrément insupportable. Mais il avait choisi son moment. Bravo pour le tiempo. En effet, c’était au moment où les instrumentistes dirigés avec brio par le russe Oleg Reshetkin étaient entrain d’exécuter les toutes dernières notes musicales de la symphonie N°6 (surnommée pathétique) de Tchaïkovski quand soudain le bambin, dorloté par sa mère, s'était mis pathétiquement à pleurer. Et ce pleur innocent et énigmatique a été effacé de manière doucereuse par le rire des mélomanes, car il avait clos le récital dans une ambiance joyeuse. Que voudtrai-il nous transmettre comme message, à travers ses vocalises attristées ? Que nous sommes des inhumains puisque les enfants libyens se font massacrer sauvagement par la soldatesque sanguinaire du tyran de Tripoli alors que nous jouissions comme des bourgeois insensibles et égoïstes de moments de plaisir, de détente et de délassement entre les archets et les cymbales? Ce pleur a un sens.
«Le lac des cygnes » dont Tchaïkovski est le brillant compositeur y trouverait un sosie lyrique à intituler : «Un bébé menacé par le son d’un trombone».
Les cameras de la SNRT dont on n’a pas vu les téléobjectifs depuis des lustres, notamment pour ce qui concerne la musique classique, étaient là. Curieuses retrouvailles. Elles ont pu enregistrer le concert dans son intégralité y compris l’adagio final du bébé. On souhaite que l’on ne fasse pas supprimer de la bande-son ce très beau cri émanant d’un enfant qui de manière innée et spontanée a exprimé ses sentiments. Par ailleurs, le grand Tchaïkovski lui-même n’avait-il pas écrit : « … seule la musique, en l’espace d’un instant, a le don d’exprimer une palette de sentiments tels le chagrin, le désespoir, la grâce, le bonheur … »
RAZAK

mercredi 2 mars 2011

Lettre au directeur de l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan-II

Rabat le 1 mars 2011

A

Monsieur le directeur de

L’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan-II

Objet: Demande d’information scientifique

Monsieur le directeur,

Permettez-moi de venir par la présente vous relater ce qui suit:

L’écrivain marocain feu Mohamed Bouhtouri avait écrit un texte intéressant sur une plante vénéneuse connue dans la région de Oued-Zem (notamment Smaâla et Béni Khayrane) sous le nom de Bouzghiba. L’étude est consistante et mérite d’être appréciée à sa juste valeur. Ainsi, dans une rencontre inopinée et mémorable avec cet écrivain émérite, il m’a été donné de savoir qu’une thèse universitaire avait été préparée au début de l’Istiqlal sur l’ivraie Bouzghiba. Elle a été présentée par le nommé Ahmed Bitit. Mohamed Bouhtouri m’avait dit que cet élève était originaire d’Oued-Zem.

Je désire en savoir plus sur les propriétés biophysiologiques ainsi que le nom scientifique de cette plante. La thèse en question pourrait nous procurer les détails voulus.

Je porte à votre connaissance que je suis artiste peintre marocain et écrivain. J’avais créé aux années 80 un personnage humoristique que j’ai baptisé Bouzghiba, en me referant au symbolisme de cette plante extraordinaire. Aujourd’hui, je donne un prix international en son nom, et comme je m’apprête à publier le deuxième tome-2 de la monographie sous-jacente ( Bouzghiba-Awards) je vous saurais gré de m’autoriser l’accès aux archives scientifiques de votre prestigieuse institution pour me ressourcer et documenter mon prochain ouvrage. Veuillez trouver ci-joint un extrait de la précieuse étude rédigée en arabe par feu Mohamed Bouhtouri, ainsi qu’une photographie montrant la morphologie et la texture de la plante Bouzghiba.

Dans l’attente d’une réponse favorable, veuillez agréer monsieur le directeur l’expression de ma très haute considération.

Razak Abderazzak

Artiste peintre et écrivain

"قلنا تكون حبوب بوزغيبة مندسة في التربة قبل ثلاث سنوات في سبات عميق، أي قبل أن يبدر الفلاح آخر حبوب زرعه في أرضه ويحرثها، بعد هذا الحرث فقط تصحو حبوب بوزغيبة ، ويحاين نباتها نموه في تواز وتماش مع فعل نبات الزرع ونموه، نبات بوزغيبة يكون متخفيا في النحولة والضلالة والرخاوة والتفاهة، وكأنه لا يقوى على فعل أي شيء مضاد ومؤدي وعدواني،إلى أن يستطيل ويزهر ويحبب حبوبه ، بعد شهر أبريل تنبجس من زاوية في كل حبة من حبوب "بوزغيبة" شعرة رفيعة ودقيقة، يستحيل رؤيتها بالعين المجردة، تشرع تستطيل في ظل استطالة جدع السنبلة التي يستحيل عليها أن تشعر بوجود تلك الشعرة، والتي كان لا وجود لها في فراغ هذا الظل، حين تشعر بوشك تمايل جدع السنبلة، جهتها بفعل هبوب الريح، تميل قبل أن تميل السنبلة، بل تبقى في منأى عن الانكسار، ومأمن من المسامير، حريصة على أن تتمتع بالاحتماء بالدفء الذي يوفره لها جسد السنبلة وجذعها، تبقى شعرة بوزعيبة هكذا إلى أن يشرع حب السنبلة في اليناعة والتصلب بعدما أتمرت، أنداك تتجاوز شعرة بوزغيبة أوان التربص والترصد لتبيدا في مرحلة الاستعداد للهجوم على السنبلة.

يبدأ أوان هجومها بانعطافة رأس شعرتها صوب أسفل جسد السنبلة، ثم يدور حول هالة السنبلة، تاركا حيز فراغ ضيق بينه وبين السنبلة، وهكذا دورة أخرى كدائرة أخرى، دورة تلو دورة ، دائرة فوق دائرة ، في تصاعد لولبي، راسما دوائر متتابعة، كما لو كانت التفافات ثعبانية حول السنبلة المثمرة، كأنه ينسج اسطوانة أو أنية اسطوانية تكون داخلها السنبلة أسيرة، يستمر فعل تجهيز فخ أو مصيدة الكيد بالسنبلة إلى أن تجف حبوب الزرع المثمرة فيها، ونعرف أن السنبلة في يناعتها تنحني برأسها علامة اعترافها بحبها لتربة الأرض التي أنجبتها، وبعد تصلب جدع السنبلة ويجف ويغدو قابل الانكسار، آنئذ فقط، تتصلب شعرة بوزغيبة ، وتبادر بفعل معاكس للسنبلة، حيت تأخذ قامة جسد بوزغيبة ككل في التقلص، تتقلص تتقلص لتقصر، ينجم توتر شعرتها المتصلبة بفعل انخفاضها تدريجيا إلى الأسفل، عبر تقلص قامة النبتة المتواصل، والغاية من ذلك جر السنبلة بقوة دفعة واحدة، أو عبر دفعات إلى الأسفل، قصد حصول فعل إجهاض ثمر حبوبها قبل اكتماله، قبل أن يصل الخبز إلى أفواه الذين ينتظرونه مند زمن بعيد، ويعقدون عليه آمالا لا شاطئ لها.

وما أشبه شعرة بوزغيبة في هذا الفعل بلسان الحرباء الذي يبلغ طوله مترا أو مترين، ومع ذلك فهو يتكون داخلها بضرب لا يصدق، وحين تسرحه، تكون حركته سريعة كالبرق يلتف حول الفريسة، حيت يستحيل عليها أن تنجو بنفسها مهما فعلت."

محمد البحتوري