vendredi 9 février 2007

DARDACHA -8-De l'invasion de l'Irak à Katrina



DARDACHA -8 : De l’invasion de l’Iraq à Katrina
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CHAT ENTRE LE PRSONNAGE BOUZGHIBA ET SON GENITEUR
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Bouzghiba : Changeons de registre si vous voulez bien et parlons de l’invasion de l’Irak , êtes-vous pour ou contre ?
Razak : Je suis contre. Ce que je récuse le plus c’est la « hainorme » propagande qui a précédé le conflit , et le laisser-faire de certains « hainigmatiques » chefs d’Etat qui avaient approuvé la « hainième » résolution de l’O-haine-U de l’époque .
Bouzghiba :Pourquoi les mots les plus inoffensifs se vêtissent soudain de haine ?
Razak : Parce qu’on les a trompés dans une encre empoisonnée . Aussi , l’abrutissement des descendants de l’Oncle Sam par les médias influents y’est pour quelque chose . On cherchait à légitimer l’occupation par tous les subterfuges possibles et ils y ont réussi. Si Woody Guthrie le père américain du folksong contestataire était de notre monde, il serait mécontent de l’administration Bush. Il aurait improvisé des quatrains enflammés contre les va-t-en-guerre bien décidés à supprimer ceux qui ne pensent pas comme eux. Guthrie a consumé sa vie sur les routes américaines entre usines manufacturières et plantations agricoles où l’on exploitait inhumainement les ouvriers .Ce diseur de bonnes vérités dont on trouve un sosie chez nous au Maroc sous les traits d’un derviche barbu nommé Sidi Abderrahman el Majdoub, n’aimait pas les prédateurs du capitalisme sauvage.
Bouzghiba : Qu’est- ce qui différencie les deux hommes ?
Razak : Sidi Abderrahman el Majdoub le philosophe populaire qui a été remis au goût du jour par le groupe de musique Nass el Ghuiwane était moins virulent que Guthrie. Certes, il était cynique comme Diogène, mais il épargnait les politiques notamment ceux qui se riaient de la crédulité du peuple , alors que Guthrie les vilipendait sans retenue . Guthrie serait franchement mécontent des visées impérialistes de ces temps-ci. Mener une guerre absurde contre un peuple affamé et sous-médicamenté comme celui de l’Irak, vouloir imposer sa « démocratie » à des gens qui n’en veulent pas et puis soutenir des sanguinaires qui déversent leur haine sur des innocents palestiniens privés de leur terre, ce serait pour ce chantre original, l’horreur des politiques. Son Amérique à lui est faite de gens humbles qui respectent aussi bien leur prochain que leur lointain et non pas de potentats ivres de pouvoir qui rêvent de dominer le monde et s’approprier ses richesses terrestres et souterraines .Son Amérique à lui n’est pas celle qu'on cherche maintenant à enjoliver avec les décibels de radio Sawa, mais celle de la coexistence harmonieuse entre tous les peuples de la terre. Ce musicien qui écrivait « This machine kills fascists » sur sa guitare ne mâchait pas ses mots. Le plus dur des fachos aurait tremblé en écoutant ses refrains. Guthrie aurait montré aux warriors des croisades Huntingtonniennes leur vrai visage. Cet artiste qui se mêlait à la foule des paysans et qui avait sillonné l’Amérique avec une guitare en bandoulière n’était pas un illuminé mais un révolté contre l’injustice et la bêtise humaine. Il aurait cassé la voix non pas comme font maintenant les petits chansonniers des cabarets et boites de nuit mais hurlé sa haine aux envahisseurs des Etats souverains. Ce qui indispose aujourd’hui alors que le Liban est à son tour sous un déluge de plomb c’est le silence complice des chanteurs anglo-saxons dits engagés, ceux qui se considéraient jusqu’ à tout récemment comme des héritiers spirituels de Woody Guthrie. Pourquoi tant d’esprits aveuglés ? En effet, ni Bob Dylan ni ce fameux Billy Bragg qui nous dit-on animait avec sa guitare acoustique grèves et meetings dans l’Angleterre blairienne n’ont rien dit de réprobateur envers ces « Terminators » armés jusqu’aux dents qui piétinent le droit le plus élémentaire des peuples à disposer deux mêmes . Les palestiniens font partie de ces peuples privés de ce droit. Peut-être attendrait-on que l’hécatombe de l’Irak et l’amoncellement des ossements humains atteignent des hauteurs vertigineuses comme au Vietnam des années 60 pour que l’on se mette à fredonner des refrains aphones et usés. L’on entendrait enfin un Bob Dylan vieillissant dire « How many human lessons must a man learn before you call him a man ». La parodie après le drame ne mériterait pas d’être amplifiée. Elle tomberait en désuétude dès la première élocution. Autrefois, on se relayait sur l’échafaudage du mythique Woodstock pour chanter l’espoir et la paix entre les peuples .On lançait des messages humains pour une Amérique plus juste et plus clairvoyante en s’inspirait de la prophétie guthrienne qui s’opposait à l’usage de la force contre des populations désarmées. Aujourd’hui, Huntigton a remplacé Woody Guthrie. L’époque de « Make love, Not war ! » semble révolue.
Bouzghiba : Vous êtes pessimiste, ça ce voit ?
Razak : Au rythme où vont les choses au Proche et Moyen Orient, rien ne laisse présager un dénouement définitif des trois questions : palestiniennes, iraquienne et libanaise. Gageons que les différents protagonistes retrouveront la voie de la raison avant que ce ne soit trop tard .
Bouzghiba : Vous avez parlé d’abrutissement collectif et de larmes de désolation massive ?
Razak : La désinformation est une arme d’abrutissement collectif. Dans la « hainorme » propagande mise en branle par les coalisés avant l’invasion de l’Iraq, il fallait diaboliser l’adversaire afin de justifier sa liquidation physique. Du coup, Hitler se faisait ressusciter. Il retrouva un sosie sous les traits physionomiques de Saddam. Or la comparaison, si grossière soit-elle, ne tenait pas debout « logistiquement » . En effet, le dirigeant arabe n’avait ni l’armement du führer, ni les troupes capables de tenir tête à cette armada déchaînée. Il n’avait non plus ni les avions de chasse, ni les sous-marins du Reich. C’est dire que le côté difforme a été rajouté par la propagande tendancieusement orchestrée pour tuer Saddam avant de l’atteindre. Derrière lui, il y a du pétrole en grande quantité. L’information et la désinformation sortent du même laboratoire. Mais l’une est perversion de l’autre, l’une est la corruption de l’autre. Avez-vous observé comment les américains tous Q.I. confondus ont été embrigadés par les laborantins de l’ « info- manipulite » et du lavage des cerveaux ? Même les célébrités du monde du spectacle (Madonna, Sean Penn, Dustin Hoffman ...) dont on attendait un sursaut d’honneur plus citoyen que le « non à la guerre », ont revu à la baisse leur détermination. Ils se sont tus, craignant pour leur carrière. Ils nous ont privés d’un remake pacifiste aussi retentissant que le Woodstock des années Vietnam. Et comme le bourrage des cranes était à l’overdose, certaines stars du show-biz comme Linda Ronstadt ont failli être lynchées parce que l’agit-prop a fait d’eux des traîtres de la patrie impériale. L’invasion s’est déroulée comme il a été décidé par la Maison Blanche avec quelques petits changements de programme. L’ONU assistait en spectateur désintéressé, malaisé, humilié. Comme on s’y attendait la victoire ou plutôt la demi-victoire est revenue au plus fort, au plus menteur et au plus rusé. Une petite victoire somme toute, sans gloire car la première puissance de la planète n’affrontait pas un rival de son calibre mais un tout petit pays désorganisé et affaibli par douze années d’embargo onusien. Mais les prochaines décennies seront vécues sous l’emprise de la loi de la jungle. Le plus fort écrasera le plus faible. La course d’armement va reprendre de plus belle. Les pays pauvres seront à la merci des puissances économiques et militaires. Le new-colonialisme sera encore plus dur à supporter surtout pour les pays arabo-musulmans .La sortie fracassante des Yankee en Mésopotamie donne un avant goût de ce que sera la mondialisation prônée par la Maison Blanche. Quand à « Ben-Laden-la-poisse » sa folie n’a apporté que des malheurs à ses coreligionnaires. On comprend aisément pourquoi après le débâcle iraquienne les palestiniens s’en méfient diablement . Vous voulez coloniser un pays par les américains alors dites que Ben Laden s’y cache ou entretient des liens privilégiés, les GI s’occupent du reste. Deux Etats souverains ont perdu leur souveraineté à cause de cet illuminé déjanté. Ce qui est curieux c’est que lorsque Bagdad était sous le déluge de feu, certains obscurantistes ben-ladeniés croyant que dieu était avec eux, attendaient un miracle, mais ils n’ont vu que les oiseaux de feu aux ailes tatouées « USA » qui crachaient de l’acide sur la cité des lumières.
Bouzghiba : Mais Saddam n’était pas clean. Il en a usé et abusé lorsqu’il était le maître suprême de Bagdad.
Razak : Certes, il était un antidémocrate mais il n’est pas le seul dans le monde, pourquoi s’acharner sur lui , il y a d'autres dictateurs plus endurcis ? Saddam avait la tête dure .Il ne savait pas qu’un jour tout tomberait comme un château de cartes. Au lieu de construire le pays sur des bases solides et instaurer une démocratie durable avec changement de président (cumul : deux mandats, pas plus) il a tenu en laisse un peuple, réprimé les opposants et bridé tout esprit d’initiative. Il ne sait pas que les guerres « neo-age » se font désormais à distance. Elle sont technologiques et informationnelles. La guerre classique avec des baïonnettes est révolue. Le nombre de bataillons n’a désormais aucune signification. C’est le nombre de lance-missiles et de porte-avions qui fait la différence. Quand on compte les dégâts humains de part et d’autre l’on voit que pour toucher un soldat américain il fallait sacrifier 100 iraquiens . Mais où était–on lorsque ces pays fortifiaient leurs arsenaux et consolidaient leur position sur l’échiquier militaire ?
Bouzghiba : Et les larmes de désolation massive ?
Razak : Ne soyons pas durs avec tous les américains . Ils ne sont pas tous pour la guerre en Irak . Je ne suis pas du genre à voir des châtiments divins sur des populations innocentes qui n’ont rien fait à leurs semblables . En effet, le passage de l’ouragan Katrina sur la zone sud des Etats-Unis ( Louisiane, Mississipi , Alabama … ) a été un des plus ravageurs de l'histoire du pays. Cela pouvait arriver même aux Etats les plus pieux. Ne soyons superstitieux .Progressivement, la situation redevenait normale. Des problèmes d’hygiène communautaire ont surgi , mais la conjugaison des efforts a pu en atténuer l’impact . Katrina est parti et il faut souhaiter qu’il ne fasse pas rebrousse-chemin , sinon ce serait le chaos . La catastrophe a créé un désarroi sans précèdent . L’administration américaine , toujours occupée par « The Building Democracy in Iraq » a oublié de consolider ses digues et ses buildings .
Bouzghiba :Le communiqué du département d’Etat relate l’effet de surprise alors que le cataclysme était dans les sonars de pré-détection depuis une semaine ?
Razak : Que dit le communiqué ? « ...Le cyclone Katrina a surgi du golfe du Mexique le 29 août, amenant des pluies torrentielles et des vents violents qui ont dévasté le littoral de quatre États du sud des États-Unis, provoquant des dommages matériels immenses... ».Analysons : Avant son passage, les médias ont en parlé à profusion. La Nouvelle-Orléans, ville-berceau du jazz, était dans le collimateur de Katrina . Mais au lieu de quitter la ville, la majorité de la population s’est emmurée derrière de fragiles cloisons en bois . On ne savait pas que le cyclone allait être un des plus musclés et que la digue retenant les eaux du grand lac était fragilisée . Les déferlements avaient emporté tout , d’où la panique généralisée . Rupture d’électricité, manque de secours d’urgence, incendies , pénurie d’eau de boisson et comme un malheur ne vient jamais seul , le brigandage reprend du poil de la bête . On s’entretue pour une gorgée d’eau ou un biscuit . C’est « sauve qui peut » . C’est une image apocalyptique que les médias locaux renvoient au monde via moult sites électroniques . Le déluge était d’ une ampleur biblique . La lenteur de réaction des secouristes a suscité l’ire de nombreux personnalités publiques et notabilités du show-biz . Ce fut l’occasion idoine pour le polémiste Michael Moore, l’auteur du fameux brûlot Fahrenheit 9/11, de faire entendre sa voix . Il rédige une lettre au Président des USA. Celle –ci est moins caustique que le film documentaire , mais la dérision semble toujours de mise . Cette lettre (datant du 2 septembre 2005 et qui se trouve en VO dans le site du cinéaste : www.MichaelMoore.com ) commence par : « Cher monsieur Bush, auriez-vous une idée de l'endroit où se trouvent tous nos hélicoptères? Cela fait déjà cinq jours que le cyclone Katrina est passé et il y a encore des milliers de gens restés en rade à La Nouvelle-Orléans et auraient besoin d'être secourus par les airs. Où diable avez-vous pu égarer tous nos hélicoptères militaires ? »Elle s’achève par une petite insinuation au calvaire des iraquiens , et en filigrane, on pense au mensonge d’Etat relatif aux armes de destruction massive qui avait entraîné cette guerre sans gloire et généré un torrent de larmes de désolation massive . Michael Moore qui s’est toujours opposé farouchement à la guerre de l’Irak , fustige le patron de la Maison Blanche en ces termes :
« Faites comme si la population de la Nouvelle Orléans et de la côte du Golfe du Mexique vivait près de Tikrit. » écrit-il dans cette lettre qui, comme pour son dernier opus , a contaminé tout le réseau du World Wide Web .
Mais à l’opposé de Michael Moore , il y en a qui ont laissé de côté la polémique, comme l’ex-président Bill Clinton , pour favoriser la solution pragmatique, c’est à dire : la solidarité et de l’entraide . Il faut d’abord régler les problèmes . L’aide s’organise . Les stars de cinéma , les sportifs de renom et les célébrités du monde de la finance sont nombreux à vouloir aider les victimes de l’ouragan Katrina . Céline Dion , la star canadienne est l’une des premiers à répondre à l’appel du cœur . Elle apparut en pleurs dans la célèbre émission de CNN " Larry King Live ", et a promis d’offrir un million de dollars comme don . L’acteur Sean Penn s’est rendu à La Nouvelle-Orléans non pas pour regarder mourir les gens mais pour manifester sa compassion . Il a passé son week-end à secourir autrui . Il a le cœur à la bonne place . Travolta et sa femme Kelly Preston ont porté des vivres et du vaccin aux rescapés . Les acteurs d’Hollywood Morgan Freeman (oscar 2004) et Leonardo di Caprio (acteur principal de Titanic ) se joignent aux organisateurs de compagnes de sensibilisation et de collecte de dons. Nicolas Cage, l’autre acteur oscarisé qui a une maison dans la Nouvelle Orléans a offert lui aussi un million de dollars . Les téléthons organisés ont permis de ramasser de l’argent pour subvenir aux besoins des sinistrés . De grands concerts de musique pop ont été programmés pour aider les populations en détresse . Les chaînes de télévision reçoivent des invités de marque pour exporter le peuple , non touché par la cataclysme, à soutenir leurs compatriotes victimes de cette immense tragédie . Après le pansement de cette plaie , viendra le temps de la méditation, des comptes à rendre et de la réflexion pour mieux se préparer à de tels cataclysmes .
Bouzghiba :Quelle leçon à tirer de cette tragédie ?
Razak : Il est impératif que les USA ratifient le protocole de Kyoto . Car les experts assermentés pensent que le cyclone Katrina n’est pas un phénomène isolé et sporadique . D’autres régions en connaîtraient de plus violents . Car l’échauffement de la planète va crescendo . La circulation des saumures des deux pôles devient de plus en plus intense et leur impact est plus évident sur les courants océaniques . Ce qui engendrerait d’autres perturbations et désordres climatiques . Désormais nul Etat aussi puissant soit-il ne peut prétendre se suffire à lui seul . Car à l’échelle du cosmos même les superpuissances terrestres ne sont que des brindilles de paille à la merci des éléments de la nature en furie

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