vendredi 18 novembre 2011

Mustapha Belouahlia et Mohamed Khair-Eddine







Mustapha Belouahlia l’historiographe photographe

Au Maroc nous avons de très bons photographes. Bekkai, Benthami Essafi, Maradji, Benchaâbane et Mustapha Belouahlia. Curieusement on trouve la lettre «B» dans leur nom ou prénom. «B» comme Bon et Bien. Ce ne sont pas de simples photographes mais des artistes de la photo. Si Benchaâbane et Benthami travaillent sur des thèmes qui leur sont chers, Belouahlia se spécialise dans les portraits d'artistes. En 1989 il avait remporté le 1e prix de la photographie de presse. Il fut un des tous premiers lauréats de ce concours institué par Dar America et dont on regrette la disparition précoce. Khalil Rais dont on sait qu’il n’écrit qu’à bon escient avait salué cette performance en écrivant: " Mustapha Belouahlia, un reporter-photographe free-lance est dans le métier depuis une quinzaine d’années, période au courant de laquelle toute la presse écrite marocaine réclame ses clichés, notamment des portraits d’hommes et de femmes qui font la «une» comme on dit".
Belouhlia est un artiste qui se dévoue à la cause des artistes. Il les a presque tous photographiés. Il n’y a pas un chanteur ou une chanteuse, un comédien ou une comédienne qu’il n’ait pas connu. Il dispose actuellement d’une photothèque très garnie et diversifiée. Dans ses archives photographiques on trouve de quoi constituer une agence d'images, un trésor qui ne se déprécie pas avec le temps, comme les pierres précieuses. Enfin, signalons que la photo de Mohamed Khair Eddine qui figure sur la couverture du livre "Il était une fois un vieux couple heureux" (Le Seuil 2002) est de Belouahlia. Il m’en a dédicacé un duplicata. Dans cette photographie Mustapha a réussi à capter le regard expressif du grand écrivain marocain.
"Il n’avait que sa main pour écrire ce qui devait sortir par la bouche. Ainsi avais-je écrit dans un texte intitulé «Mohammed Khair-Eddine: un poète qui écrit avec le sang de ses ganglions». L’auteur de «Légende et vie d’Agoun Chich» passa les derniers mois de sa triste vie dans un hôtel de Rabat surplombant le Bouregreg(…) Mais nous l’admirions malgré ses sautes d’humeur, car n’est pas Khair-Eddine qui veut. Perdre un poète et un romancier de ce calibre dans des conditions aussi banales, cela nous paraissait comme l’action inique d’un destin sadique (...) Dans sa jeunesse, il lisait les écrits existentialistes de Jean Paul Sartre et Albert Camus. Le hasard a voulu qu'une fois mature Khair-Eddine devienne l'ami de Sartre et de Simone du Beauvoir le couple mythique des années de plomb françaises".
Belouahlia aurait gagné une autre palme pour ce portrait allusif. Il a reçu des remerciements chaleureux de l’ex-président de la république française Jacques Chirac. Ceux qui cherchent à le déloger de son petit appartement et le jeter dans la rue comme certains l'avaient fait à Khair-Eddine, ne connaissent pas la valeur de ce monsieur qui a rendu service aux autres de manière stoïque et désintéressée.
RAZAK