jeudi 17 mai 2012

Du Malhoune en langue française

Pour remettre au goût du jour les splendeurs métaphoriques et les richesses du Malhoune
(poésie populaire) Adib el Machrafi et Hilali ont fait tandem radiophonique. Le premier
récitant en arabe dialectal les vers de la Kassida (texte poétique) le second enchaîne
dans la langue de Molière. La Kassida choisie s’intitule «Le cœur». Le brillant Sidi
Kaddour al Alami (1742-1850) en est l’auteur. Le duo y a mis tant de cœur et d’ardeur.
Une gageure par rapport à ce que faisait Ahmed Souhoum au mois du carême avec une
certaine érudition. Le métissage linguistique en est une plus-value. La traduction est
signée Fouad Guessous. Le soir du vendredi 4 mai les ondes de la RTM Chaîne-Inter ont
colporté les effluves lyriques d’une saveur inédite. Sidi Kaddour al Alami fut ressuscité
de manière bellissime. Il n’est pas aisé de traduire les expressions de ce poète
philosophe car certains mots comme al Gharnoug et al Jahloul ne sont plus en usage de nos
jours. Les francophones redécouvriraient un Boileau d’une verve satyrique toute teintée
de sophisme. Abderrahman al Majdoub et Kaddour al Alami constituent deux piliers de la
littérature populaire marocaine. Ils ont inspiré de nombreux hommes de théâtre et groupes
de musique populaire. Leurs strophes sont en fait des adages d’une consonance
proverbiale. En voici un petit chapelet scintillant:

«Ils vous séduisent par le charme et l’élégance
Taisent la cupidité, montrent l’apparence
Mais s’ils s’aperçoivent que tu es fortuné
Tes mains par la prodigalité percée
Ils passent des heures avec toi délassés
Seigneur, mais dès que tes poches se vident
Se détournent de toi sans raison valide
Tu as beau être clairvoyant et lucide »

Quelle profondeur! Que les rédacteurs des fameux «Cahiers…» réécoutent cette émission ou
demandent aux gérants de la boite de la reprogrammer. Ils y apprendraient sans faux
fuyants que, loin des enchevêtrures partisanes et bureaucratiques de mauvais alois, les
voies transculturelles sont plus enrichissantes que les chemins à sens unique. Bravo à el
Macharfi pour son abnégation. Depuis quatre mois le pauvre n’a pas touché sa solde, mais
malgré le calvaire il n’a pas perdu le moral. Quelqu'un d'autre de plus pugnace aurait
cassé la baraque pour avoir son dû. L’on souhaite qu’après avoir retrouvé sa paie (dans
le cadre réglementaire d'une régularisation salutaire) il renchaîne avec la célèbre
Kassida «Ana Fehmakoum ya Hel Meknès» que par ailleurs cet aède socratique né à Meknès a
rédigée après qu’on lui a dérobé insidieusement sa maison.
RAZAK

lundi 7 mai 2012


Sport hippique: La saga des purs-sangs arabes  

En décidant  d’organiser la Journée Hippique Internationale du pur-sang arabe à l’hippodrome Casa-Anfa (vendredi 5 mai) on a tapé dans le mille, car Rabat, malgré les multiples réfections de son hippodrome, n’attire plus les foules, comme jadis. Un demi point pour les organisateurs, car il y a toujours un mais suivi de trois points de suspension. Le champ de course est certes, plein de verdure mais il est encombré. Ce qui gène la vision. Même équipé d’une jumelle on ne voit rien.  Par ailleurs, implanté au sein d’un espace d’utilité publique le club privé ne laisse entrer que les adhérents. Ce qui représente une incongruité de taille. Si de manière similaire le ministère des sports autorisait les restaurateurs à exploiter les stades de football on en serait à une foire privée. Le ministère de l’agriculture (il serait probant d’ajouter …et de l’élevage) qui se charge des hippodromes est à interpeller. Par ailleurs, l’on remarque que les paddocks et les hippodromes du royaume ne bénéficient pas des mêmes soins. Les uns sont bien entretenus, les autres ressemblent à des manoirs en ruine. L’insalubrité s’ajoute à ces inconvénients. L’hippodrome Rabat-Souissi  souffre de négligences criardes. Vestige d’une époque révolue, son état laisse à désirer. Situé à proximité des hôpitaux, ce stade hippique souffre de cette mitoyenneté inhospitalière. Les sièges en plastique sont couverts de poussière, ce qui prouve que la tribune a été désertée il y a belle lurette. Autre désagrément, les Walter-C, trop éloignés de la buvette, sont dans un état lamentable et le personnel est on ne peut plus renfrogné. Est-il sous-payé ou démoralisé par le travail de routine qu’il exécute? Pourquoi ne pas passer aux validations modernes des bulletins de jeux comme on fait en Europe pour faciliter la tâche? Les caissiers sont débordés et fatigués à force de taper des numéros sur une machine défaillante. 
En tant que féru du cheval, j’ai fait le déplacement à Casablanca. C’est la première fois que je foule du pied le sol de cet hippodrome et le climat ensoleillé du printemps a aidé à la réussite de ce meeting hippique. Beaucoup de Jdidis ont fait de même. Un rendez-vous exceptionnel  qui fortifie la cartographie événementielle de ce début de mois de mai. Le cosmopolitisme humain commence à s’étendre aux orientaux. En effet, propriétaires, entraîneurs, jockeys et  amateurs des grandes chevauchées, issus de différentes nationalités ont été conviés à cette feria  annuelle. A propos des allocations totales mises en jeu l’on note une nette progression. Les six compétitions ont été dotées des primes suivantes: 200 000 Dh, 700 000 Dh , 800 000 Dh, 200 000 Dh, 1 200 000 Dh et  200 000 Dh. Cette substantielle hausse des primes serait-elle due aux donateurs Emiratis dont on sait qu’ils sont de brillants éleveurs de chevaux et des passionnés des purs-sangs d’origine arabe. En Europe les poulains de Cheikh Mohamed Ben Rachid al Makthoum courant plus vite que leur ombre ont fait parler d’eux. Le crack pur-sang arabe Dalakhani (écurie Aga Khan)  a à maintes reprise fait vibrer les gradins de Longchamp.
En instaurant un prix pour jeunes femmes jockeys, l’hippodrome Casa-Anfa affiche ses ambitions. On va dans le sillage de Nad al Sheba, devenu si célèbre avec son Dubaï World-Cup. La journée casablancaise bien qu’elle soit biaisée par l’absence des officiels s’est achevée en apothéose. Elle a profité au jockey  Roberto Perez qui monta au podium deux fois en remportant le jackpot et permit à la coqueluche Nadine de s’illustrer superbement. En  voici par ailleurs les noms des gagnants:
Jouhary à la scelle du cheval Tidjani al Boraq et portant le N°14, Zergane (Yakhlef, N°4), Roberto Perez (Aawaj al Khalidi, N°10), Nadine (Chaoui, N°5), Roberto Perez (Shagmoom al Kha, N°4) et Daouf (Follat al Boraq, N°5).
L’on espère que les prochains meetings seraient encore plus juteux, compétitifs et plus retentissants. Car le cheval arabe qui a fait parler de lui aux quatre coins du monde mérite d’être mieux apprécié dans son terroir et son fief naturel.
 RAZAK

mercredi 2 mai 2012

Hommage à Rachid NINY Rabat le 2 mai 2012





Ingratitude

Ingratitude 
Par Razak
Pourquoi ne devrait-on récolter que de l’amertume après chaque acte de charité et geste 
de bonne volonté? La réponse est simple: il y a erreur de destinataire. La personne à 
aider ou à secourir n’est pas celle que l’on pense. Par ailleurs Li Andou Jouâ Kdim 
(avarice inguérissable) est incapable de répondre par la pareille, en termes de 
courtoisie et de réciprocité bienveillante. Dans le vocabulaire usuel de ces profiteurs 
on ne trouve pas le mot Merci. C’est une perte d’encre que de consacrer des lignes 
élogieuses à des énergumènes qui cachent du poison derrière la face rieuse et qui 
crachent dans la soupe que le bon samaritain leur offre gratuitement. Le mieux qu’on 
puisse attendre des mauvais types c’est le manque de civisme et de l’ingratitude 
outrancière, pour le geste généreux qu’on vient de commettre en leur faveur. Je dis 
commettre, car il y a un peu de susceptibilité qui s’insinue par inadvertance de s’être 
trompé de gars. Mais on ne doit pas se lamenter et céder au dépit, car après tout, les 
gens sont pierres et «Tob» (roche tendre) comme dit l’adage marocain. Les lecteurs de mes 
chroniques se souviennent que bénévolement et stoïquement l’on avait aidé de nombreux 
novices dans leurs premiers pas et on a réussi à détourner l’attention sur des comédiens 
et comédiennes que l’on considérait comme victimes de la société. On était allé (avec la 
bénédiction du chef de rubrique) jusqu’à afficher leur jolies gueules dans la publication 
pour que les lecteurs se souviennent d’eux. Après la diffusion du journal, ils ont vu que 
leurs conditions se sont nettement améliorées, mais ils oublient de dire merci, au moins, 
au support qui a servi de courroie de transmission et de passerelle. Bref, ils en ont 
profité, mais pourquoi se montrer irrévérencieux comme font les arnaqueurs et les pique-
assiettes? Les uns ont carrément changé de statut social. De l’être besogneux à l’être 
fortuné, l’ascension devait-elle passer par le sacrifice du chroniqueur ou du journaliste 
culturel qui l’a propulsé? D’autres, menacés d’expulsion de leur domicile, ont dû être 
sauvés in extremis grâce au journal qui, par solidarité, a évoqué leur cas. On n’attend 
pas d’eux qu’ils nous fassent une thèse doctorale de civilité, mais un tout petit mot de 
gratitude pour le rôle noble accompli. Que dire enfin de quelqu’un qui vient presque à 
quatre pattes vous supplier d’écrire sur son calvaire, mais une fois débarrassé de son 
problème, il vous dit sans vergogne: «dommage, le journal n’a pas beaucoup de lecteurs» 
comme si les journaux qui tirent à 100 milles ou 120 milles étaient tous crédibles et 
ne dribblaient pas avec la vérité. Excepté les ressortissants étrangers, on reçoit 
rarement de feed-back de nos concitoyens humblement servis, qu’ils soient artistes, 
acteurs, politiciens ou activistes de la société civile. Il y en a qui, franchissant le 
fleuve amer de la misère détestent ceux qui ont eu la gentillesse et le flair de les 
révéler en toute primeur au public. Ils ont supprimé leurs articles du book-press parce 
que cela leur rappelle les années de pauvreté et de galère. Etre artiste, c’est avoir un 
minimum de politesse et être reconnaissant envers ceux et celles qui vous ont déblayé le 
terrain. En tant que freelance, ayant épaulé pas mal de gens (voire archives de presses) 
j’aurais dû demander ma part du gâteau, notamment à ceux et celles qui réussissent, car 
tout travail mérite rétribution, mais je ne l’ai pas fait et je ne le ferais pas, parce 
qu’un humanisme quelque peu masochiste m’y conduit comme un écervelé. Demander des sous à 
un photographe sur le point d’être expulsé de son taudis n’est pas de mes habitudes. 
Demander de l’argent à des comédiens chassés des tréteaux ou ignorés par les maisons de 
production cinématographiques ne fait pas patrie de mes moeurs. Le matérialisme sauvage a 
ébranlé toutes les bonnes valeurs. Désormais, le verbe «profiter» se conjugue à tous les 
temps grammaticaux. Comme par décadence, toutes les belles choses sont devenues 
monnayables et obéissent à la vile loi du marchandising. Une chanteuse au crépuscule de 
sa carrière a dit sans rougir: «j’ai le droit d’acheter les récompenses et les 
distinctions». Cela signifie corrompre les jurys de sélection. N’est-ce pas horrible? Les 
prix doivent auréoler les plus talentueux et non pas les plus riches. Comme je l’ai déjà 
mentionné dans le tome-2 de la monographie Bouzghiba-Awards qui va paraître prochainement 
sous forme de E-book (le contrat vient d’être signé avec un cyber-éditeur parisien): 
«certains sont devenus caricaturaux et affreusement affadis, à cause du folklorisme 
clinquant et de l’affairisme décadent qui les submergent. L’objectivité y a cédé la place 
à la complaisance et à l’arnaque. Il n’a résulté de ces "loteries" perverses que les 
mièvreries et les impuretés pseudo artistiques. Certes, quelques individualités 
talentueuses méritaient d’être auréolées, mais il fallait être précautionneux pour ne pas 
en faire des prétentieux doublement affectés de négativisme et de mégalomanie. De grands 
vaniteux sont sortis de ces «urnes» dépravatrices. La débauche y est devenue une 
constante écœurante».