mardi 18 août 2009

Goytisolo sur les traces de Sartre

Les écrivains sont de deux types : les uns , matérialistes jusqu'à la moelle, cherchent les prix lucratifs sans penser aux inconséquences et s’y jettent les yeux fermés, d'autres s'en balancent carrément ou font fonctionner les méninges avant d'en accepter les plus honorifiques. Sanallah Ibrahim et Goytisolo font partie de la deuxième catégorie. Ce sont des écrivains qui ont des principes à défendre. Ils rejoignent le chef de file et le champion dans la catégorie: Jean Paul Sartre. En 1964, ce dernier avait fait fi de manière retentissante du prix Nobel de la littérature qui lui était destiné. Le russe Pasternak fut contraint d’y renoncer -guerre froide oblige-. Ainsi, si en 2003 l'égyptien Sanallah a refusé publiquement le Prix du Caire pour la création romanesque décerné par le ministère égyptien de la culture jugé a-crédible par l'auteur , il a en outre accepté le prix Ibn Rochd pour la liberté de pensée.
De la même manière, Goytisolo qui vient de créer la surprise en ce milieu d’été en refusant, après mure réflexion , le prix que la Libye , via un comité de sélection, lui a accordé. La valeur de la récompense est très substantielle. Auparavant, Goytisolo avait accepté plusieurs prix dont: Premio Europalia, Premio Nelly Sachs, Premio Octavio Paz de Literatura et Premio Juan Rulfo. Mais Goytisolo, notre héros du moment, est d'une autre trempe. Cet anti-franquiste convaincu n’est pas du genre à plaisanter avec les prix fussent-ils alléchants et très lucratifs. Il est question de crédibilité. L’ami de Jean Genet est forcement l’ami de Sartre. Par transitivité, Goytisolo est éminemment sartrien dans son choix. Par ailleurs on remarque que Jean Genet et Goytisolo avaient partagé les même idées libertaires et avaient les mêmes postions vis-à-vis des dictatures et du despotisme. Les deux écrivains ont milité en faveur de la cause palestinienne.
Juan Goytisolo est espagnol mais il semble apatride. Son père a été emprisonné par les républicains
pendant la guerre civile quand à sa mère elle a été tuée par l'armada franquiste en 1938. Un tel destin aussi tragique ne pourrait que forger cette destinée aussi unique. Si la célèbre place Jemaâ El Fna, a été classée Patrimoine oral de l'humanité, par l'UNESCO c'est presque grâce à Goytisolo .
Comme son compatriote Picasso, il quitte l’Espagne franquiste et choisit l’exil. Avec le temps il est devenu un auteur engagé combattant toutes les formes d'oppression. Après le décès de son épouse, il quitte Paris et s’installe à Marrakech
. Mais l’homme semble ne trouver sa vraie patrie que dans la langue. Il écrit avec un humour caustique. En voici un avant-goût :
« J'ai rêvé ... que les dirigeants de l'Autorité Palestinienne et du Hamas laissaient vivre en paix les pauvres Israéliens soumis quotidiennement à d'humiliantes contrôles, bouclés derrière des murs et des barbelé et pilonnés par leur aviation et leur artillerie ...»

RAZAK

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